En prélude au sommet citoyen sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie dans l’espace CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) prévu le vendredi 9 juillet, à Cotonou, un sommet panafricain a réuni, ce jeudi 8 juillet 2021 à la salle bleue du Palais des congrès de la capitale économique du Bénin, la jeunesse de la sous-région ouest-africaine, sur le thème : « L’intégration régionale et engagement citoyen, cas des jeunes de la CEDEAO ». Regroupant les jeunes venus des quinze (15) Etats de la communauté, cette rencontre organisée par les Universités sociales du Togo (UST), en collaboration avec le Centre de recherche sur l’Etat de droit en Afrique (CREA), la Coalition Tournons La Page (TLP), entre autres, se veut un espace ouvert pour débattre des thématiques susmentionnées et autres connexes. Il s’agit en fait de faire porter haut la voix de la jeunesse ouest-africaine.
« C’est une occasion formidable de mettre en semble les jeunes du continent africain, les acteurs de la société civile afin que cette société civile puisse s’exprimer d’une seule voix et davantage élever la voix afin que l’institution communautaire qu’est la CEDEAO prenne réellement en compte leurs préoccupations (…) Si nous ne préparons pas la relève de demain, nous risquons certainement de faire face à une situation de hiatus. On va se retrouver avec une jeunesse qui ne sera pas en éveil de conscience, suffisamment outillée ou engagée pour prendre le relais et permettre la renaissance de cette Afrique que nous voulons, pour permettre son développement», a justifié le Prof David Dosseh, Coordinateur des UST, mais aussi des sommets panafricain de la jeunesse et citoyen de la société civile.
« Notre communauté (jeunesse, Ndlr) a la force et les ressources pour lutter pour le développement du continent africain », a indiqué Prince Akpah d’Africans Rising, et d’exhorter ses congénères à être « le futur de ce continent ». « Les organes de la société civile ont largement les moyens de s’opposer aux perspectives des Etats », croit dur comme fer le Prof Victor Topanou, ancien ministre de la Justice au Bénin et Directeur du Centre de recherche sur l’Etat de droit en Afrique (CREA). Pour mettre fin au « semblant de démocratie dans nos pays », complétera Maikoul Zodi de la plateforme Tournons La Page (TLP).
Ce sommet a été l’occasion pour la jeunesse ouest-africaine d’exprimer sa perception de la CEDEAO, mais aussi ses attentes. Un avant-goût a été donné par un sondage au Togo réalisé par les UST. Sur deux cent cinquante (250) jeunes de différents horizons sociaux et professionnels prospectés, une bonne partie, sinon la grande majorité en a une perception négative et/ou superficielle, mais attend beaucoup de l’institution communautaire. Pourquoi malgré cet état de fait, les jeunes attendent tant de la CEDEAO ? Voilà la question fondamentale soulevée au regard des résultats du sondage. Et les organisateurs de prescrire à l’instance régionale de se faire mieux connaitre et réajuster son action en faveur de la jeunesse.
L’occasion a été offerte aux jeunes participants des différents pays à ce sommet panafricain, de livrer un aperçu de la perception qu’ils ont de la CEDEAO. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas du tout en faveur de l’instance. Le constat commun relevé, c’est que la CEDEAO est une institution des chefs d’Etat et non au service des peuples, beaucoup parlent même de syndicat des chefs d’Etat, elle n’est là que pour les présidents ; c’est une bonne institution, mais qui n’agit pas beaucoup pour la jeunesse ; quand on entend parler de la CEDEAO, c’est qu’il y a crise quelque part. Voilà les aperçus respectifs des jeunes du Niger, du Bénin, de la Côte d’Ivoire.
Quelles propositions pour la CEDEAO que nous voulons ? Comment voyez-vous la CEDEAO ? Dans quelle CEDEAO voulez-vous vivre ? Quelles implications des jeunes ? Voilà autant de questions pertinentes qui ont guidé les réflexions des participants, scindés en trois (03) groupes et sur des thématiques différentes : Droits humains, droits civiques et politiques ; Gouvernance économique ; Gouvernance culturelle et sociale. Chacun a fait des réflexions assorties de propositions. Sur la gouvernance culturelle et sociale, par exemple, il est proposé la création de festivals, l’initiation d’activités culturelles à l’instar des jeux de la CEDEAO regroupant les jeunes, la libre circulation pour les peuples, la mise en place d’un moyen de transport commun, la promotion d’une langue locale commune, entre autres. Sur les droits civiques et politiques, les jeunes suggèrent la formation de coalitions fortes pour des pressions sur les grandes thématiques, une synergie des jeunes des différents pays, le retour de la CEDEAO sur l’initiative de la limitation des mandats, l’instauration d’une académie politique pour former la jeunesse, une motion de soutien aux camarades arrêtés…
Au terme des travaux, dans une déclaration dite de Cotonou, les jeunes exigent d’être partie prenante des décisions qui seront prises par la CEDEAO en leur nom et formulent des recommandations tant à l’endroit des organisations de la société civile que des pouvoirs publics de la CEDEAO. Aux premières, ils exigent l’organisation d’événements culturels tous les deux ans regroupant la jeunesse et l’engagement citoyen pour la CEDEAO des peuples. Aux seconds, ils demandent l’institution d’une journée de la CEDEAO célébrée le même jour dans tous les pays membres, le choix de la démocratie avec la bonne gouvernance comme option politique fondamentale, la limitation des mandats présidentiels à deux non renouvelables, l’effectivité du principe de la libre circulation des personnes et des biens, la mise en œuvre d’une politique agricole commune, la mise en place d’organes et de procédures facilitant l’accès de la jeunesse aux institutions de la CEDEAO.
Les choses, à en croire le Coordonnateur du sommet, le Prof David Dosseh, ne vont pas s’arrêter à cette rencontre de Cotonou. Il est attendu la mise en place d’une stratégie de campagne offensive (sic) sur la limitation des mandats présidentiels, l’alternance, etc. Les résultats de ce sommet panafricain de la jeunesse et du sommet citoyen, nous revient-il, seront transmis à la CEDEAO (l’institution) et aux Etats individuellement.