Anita est une go très choco. Elle fait sûrement partie des premières créatures féminines façonnées par Dieu, avec des matières premières originales. Comme toute femme qui se sait charmante, Anita fait des siennes. Rien que pour la saluer, il faut veiller à être quelqu’un. Sinon elle te fait regretter ta naissance avec des insultes pas possibles, te rappelle l’épilepsie que tu as ratée de peu dans ton enfance. Avec un peu plus de chance, elle te foudroie simplement du regard et te laisse continuer ton chemin…
Anita aime « manger la vie », comme on le dit. Son salon, ce sont les restaurants chics, sa chambre à coucher, les hôtels, les boites de nuit, etc. Elle ne se fait déposer que par des grosses cylindrées. Les rares fois qu’on la voit passer à pied, c’est peut-être pour aller louer un taxi au bord de la route et rejoindre un mec dans un coin chaud.
Un jour, alors qu’elle attendait dans le salon VIP d’un hôtel chic de la place un potentiel client fortuné, Anita vit sortir de l’ascenseur un mec bien bâti, culotte trois quart en bas et tee-shirt blanc en haut. Le gars scintillait. C’est de ces mecs qu’elle rêvait. « C’est l’homme de ma vie », se dit-elle. En l’espace de quelques secondes, elle s’imagine déjà dans leur maison à étage avec vue sur mer, une bonne, un boy, un chauffeur et un gardien de nuit à son service.
Avec ces manies de filles dont elle a le secret, Anita fit un geste pour se faire remarquer. Le gars, comme s’il avait les mêmes visées, en fut attiré. « Je m’appelle Frédéric, Fred pour les intimes », dit-elle, saluant Anita. « Enchantée, moi c’est Anita », répondit-elle, jouant la timide. Sa timidité improvisée disparut après quelques échanges. A peine une demi-heure plus tard, les deux connaissances d’il n’y a pas longtemps se retrouvèrent au restaurant chic de l’hôtel, comme des amis de longue date.
Pendant qu’ils mangeaient, le téléphone d’Anita sonna. C’était sa maman qui allait lui demander de lui faire Flooz de 2000 F pour acheter du maïs et faire à manger à ses petits frères et sœurs au village. « Vous avez (sic) trompé de numéro », dit-elle pour se débarrasser de l’interlocutrice. Pendant tout ce temps, Fred la dévisageait avec volupté. Il se demandait comment ils (sic) allaient la croquer…
Cinq heures plus tard, Anita se réveilla à l’hôpital, avec la sensation d’avoir été perforée de partout, devant comme derrière. Elle pouvait à peine marcher. Tout ce dont elle se souvenait, c’est le nom de Freddy. En fait, elle a été soumise à une partouze intense. Les mecs donnaient l’impression d’avoir pris le produit « gros et long pénis » dont la pub est affichée un peu partout aux feux tricolores à Lomé. Depuis, les voisins du quartier lui ont trouvé un autre nom : tata partou.