La semaine a mal commencé pour les confrères des médias d’Etat. Plus de « communiqué final » pour eux sur les lieux de reportage. Ainsi en a décidé le ministre de la Communication et des Médias, dans une note de service adressée aux responsables des différents organes d’Etat.
Prof Akodah Ayewouadan ne veut plus voir ou entendre « les journalistes reporters, techniciens et cameramen des médias d’Etat » «exiger de l’argent sur le terrain auprès des institutions, ministères et organismes publics et privés en contrepartie du traitement des reportages pour lesquels ils ont été sollicités ». Très sérieux, il menace même : « Tout journaliste reporter, caméraman ou preneur de son qui se retrouverait dans cette situation s’expose à la rigueur des textes de la Fonction publique togolaise ».
Honnêteté intellectuelle oblige, le phénomène dénoncé par le ministre est bien réel et regrettable. Cela fait désordre que les organisateurs soient encore obligés de « déplacer » les confrères, leur donner de quoi assurer leur déplacement. Cela vire parfois/souvent au harcèlement. Lorsque les organisateurs commettent l’erreur de leur donner un montant inférieur à celui de leurs collègues du privé, c’est là que vous constatez les talents en menace de nos confrères du public. Apeurés, les organisateurs non avertis s’empressent de les satisfaire, pour ne pas voir leur activité zappée.
Surtout qu’eux, ils ne font pas dans la dentelle et débarquent en double tarif. Là où les médias privés viennent en singleton, que ce soit la presse papier ou la radio, il faut compter au moins deux (02) pour ceux du public, et parfois trois (03). Après avoir géré Radio Lomé, Togo-Presse, ATOP, des organisateurs s’entendent informer de la venue d’un quatrième organe, l’ANPA, entendu Agence nationale de production audiovisuel…C’est encore quoi ça, se demandent beaucoup. Le comble, c’est la télévision mère. Le minimum, c’est quatre (04) envoyés. On trouve souvent un cameraman, un preneur de son et deux journalistes. Parfois, il faut aussi déplacer le chauffeur. Avec une petite de vigilance, le groupe grossirait du mécanicien, du vulcanisateur qui a arrangé les roues du véhicule la veille, du pompiste, de son voisin, etc. Un concitoyen glose que la TVT se déplace en « régiment » ou en « équipe nationale », entendu en masse.
Le phénomène dénoncé par l’autorité est bien légitime, disions-nous. Mais, il y a aussi une triste réalité. Les médias d’Etat ne comptent pas que des journalistes fonctionnaires payés à la fin du mois. Il y a aussi des contractuels, des pigistes et des stagiaires. Ce sont d’ailleurs eux qui constituent le plus clair de l’effectif et abattent le plus gros du travail. Mais ils ne sont pas logés à la même enseigne que les journalistes fonctionnaires qui touchent des salaires et des primes. Ce sont ces per diem de 5000 F et plus qui leur permettent d’assurer le déplacement quotidien maison-boulot-maison, mettre du crédit dans leur téléphone, tromper la faim, d’arrondir les angles. Avec cette décision, le ministre leur enlève le « mangement ». Comme l’humoriste ivoirien Agalawal, ils doivent demander : « On va faire comment, Monsieur le Ministre ?».
Pour donc revenir à la titraille, Prof Akodah Ayewouadan risque de se faire détester grave. Il est bien parti pour se faire des ennemis, battre même le record d’ennemis que pourrait faire un membre du gouvernement. Il doit être depuis ce lundi la seconde la personnalité la plus détestée au Togo, après un certain…Claude Le Roy. On se réserve de rappeler pour quoi pour éviter d’endolorir les plaies des gens. Lorsque ces jours-ci, Monsieur le Ministre fera beaucoup de cauchemars la nuit, verra son nom souvent écorché, les reportages sur ses activités passés dans le journal des régions ou les articles coincés dans Togo-Presse quelque part entre les avis de décès et un communiqué de l’amicale des anciens étudiants ressortissants de Vokoutime, qu’il ne cherche pas loin…
