Dans son exposé sans concession, jeudi dernier, des maux qui minent la justice togolaise, le Président du Conseil supérieur de la magistrature Abdoulaye Yaya n’a pas occulté le problème foncier. Il a particulièrement dénoncé la partition de la justice et ses acteurs connexes à l’origine du capharnaüm dans le secteur et sa suite de drames. Ci-dessous des extraits de la déclaration liminaire condensée et de ses propres déclarations.
« Il est regrettable et consternant de constater la facilité et l’insouciance avec lesquelles certains magistrats et auxiliaires de justice se livrent dans la gestion des dossiers dont ils ont la charge, créant ainsi une insécurité judiciaire. Le problème prend de plus en plus d’ampleur, surtout dans la gestion des affaires foncières. Il n’y a pas de jours où ne défraient des scandales des affaires foncières impliquant des magistrats, avocats, huissiers, officiers de police judiciaire, des officiers supérieurs, voire des autorités civiles, lesquels n’hésitent pas à s’approprier des terrains au détriment des pauvres justiciables ».
« Ils n’hésitent pas à inciter les mauvais perdants à initier des procédures de tierce-opposition contre des décisions définitives pour reprendre la procédure. Certains magistrats n’hésitent même pas à ordonner des transports des jours non ouvrables et à trancher des affaires en cabinet ».
« L’autre paire de manche est le problème récurrent des démarcheurs et des « gros bras» à la solde de certains acteurs de la justice».
« (…) Il en est ainsi des compromissions entre magistrats et avocats, entre les magistrats du parquet et des éléments de la police judiciaire, entre avocats au détriment des intérêts des justiciables, entre notaires, huissiers, etc. et ce, au mépris de leur serment et des règles déontologiques qui régissent leurs corporations respectives».
« Il y a des gens ici dans notre pays, je ne sais pas si à leur mort, ils vont se démembrer pour être enterrés dans deux tombeaux, tellement ils accaparent (…) ».
« Les gens prennent le malin plaisir maintenant d’angoisser, de stresser des habitants des maisons construites il y a 35 ans, 25 ans ».
« Il y a des études de notaires, leurs cabinets aujourd’hui ressemblent tout simplement à des officines où on conçoit des arnaques ».