Le vin des élections législatives du 29 avril 2024 est tiré, mais l’Alliance nationale pour le changement (ANC) n’entend pas le boire. En conférence de presse ce mardi à son siège, le parti dit tout le mal qu’il pense du déroulement de ce scrutin, mais également des régionales. Dénonçant à tout va bourrages d’urnes, violences sur les délégués de l’ANC et de toute l’opposition, manipulations des résultats, la formation politique demande simplement la reprise des opérations de vote.
« On a voulu informer la presse, preuves à l’appui, de ce que nos candidats ont vécu le jour du scrutin. Quand nous parlons de bourrages d’urnes, de violences, d’exclusion des délégués des candidats de l’opposition des bureaux de vote, nous avons voulu que ceux qui ont vécu ces faits, puissent les porter à votre connaissance», a justifié Jean-Pierre Fabre, le Président national de l’ANC. En effet, pour les besoins de la cause, le parti a convoyé à Lomé des candidats têtes de liste des circonscriptions électorales comme Blitta, Akébou, Haho, entre autres, qui ont témoigné des fraudes, bourrages, violences, manipulations des résultats…
Dans sa déclaration liminaire de circonstance, l’ANC a dépeint le tableau complet des irrégularités. Il dénonce des dérives, entendu un recensement électoral frauduleux, un découpage électoral discriminatoire, le refus d’accréditation des observateurs électoraux sérieux (sic), la suspension des accréditations des médias internationaux, de même que des fraudes et manquements comme l’absence des candidats de l’ANC et/ou du logo du parti sur certains bulletins de vote, l’exclusion des délégués et membres des partis de l’opposition dans des bureaux de vote et CELI, des bourrages d’urnes.
« Dans le Haho, les agents électoraux et les activistes du régime RPT/UNIR ont bourré des urnes dans les villages d’Asrama, Kponou, Djemegni, Tsagba, Dalia Bégbé, Atsavé, Akpakpapé et autres. Ils ont également brisé les sceaux qui ont servi à sceller les urnes pour changer les résultats en remplaçant les bulletins dans les urnes. Dans le Vo, les bourrages d’urnes sont opérés devant les membres des CELI qui ont laissé le vote se poursuivre à Momè-Wodjépé, Momè-Hounkpati et Klologo. Les mêmes bourrages ont eu lieu à Dagbati où les urnes sont remplies de bulletins déjà votés avant même le démarrage. A Djankassé, c’est pendant qu’il s’activait pour empêcher les bourrages d’urnes que le candidat de l’ANC aux régionales sur la liste de Vo s’est mortellement écroulé », rapporte la formation politique.
L’ANC fustige également de nombreux actes de brutalité exercés sur tous ceux qui se sont opposés aux fraudes « sans que les forces de sécurité des élections, la fameuse FOSELR, appelées à la rescousse, interviennent pour protéger les victimes des exactions », les achats de consciences à travers des distributions à grande échelle d’argent, de vivres et non-vivres et autres gadgets pendant la campagne électorale, l’utilisation des moyens de l’Etat – véhicules, personnel…- par les candidats du pouvoir, le vote des étrangers des localités transfrontalières du Togo convoyés en masse le jour du scrutin dans des tricycles malgré la fermeture des frontières terrestres…
Le parti râle aussi contre la falsification des résultats « pratiquée systématiquement à l’intérieur du pays à tous les niveaux et à grande échelle », « d’abord dans les bureaux de vote par les agents électoraux avec des procès-verbaux pré-signés », « ensuite dans les CEI par les présidents des CELI », donnant particulièrement les cas des CELI Akébou et Avé, de même que « des chiffres compilés et proclamés qui défient l’arithmétique » avec les exemples des circonscriptions de la plaine de Mô et du Golfe 2, l’observation électorale internationale qui aura fermé les yeux sur les irrégularités.
« Si vous descendez les calculs des procès-verbaux issus des CELI, vous constatez que les résultats sont faux ou incohérents. Par exemple, le nombre de votants pour UNIR dépasse le nombre de suffrages exprimés (…) Quand il y a autant d’incohérences, cela veut dire que les résultats ont été manipulés (…) Si les résultats ont été manipulés, il faut reprendre les élections », souligné Jean-Pierre Fabre, et de demander la reprise pure et simple du vote.
Pour l’ANC, le 29 avril passé, le régime en place a organisé « une parodie d’élection », « une mascarade électorale dans un climat de violence » avec pour seul objectif de « faire de ce double scrutin une voie de contournement de la limitation des mandats afin de permettre à Faure Gnassingbé de demeurer au pouvoir ad vitam aeternam »…