La question des primes de matchs qu’on croyait révolue à jamais secoue à nouveau le nid des Éperviers du Togo. Seize (16) ans après la grande honte à la Coupe du monde de Wangen en Allemagne, une nouvelle affaire de prime resurgit et risque de compromettre la participation du Togo au CHAN 2021 (ou 2020) prévu du 16 janvier au 7 février 2021 au Cameroun et où il loge dans la poule C aux côtés du Maroc, du Rwanda et de l’Ouganda. Ce qui met en exergue l’incapacité des dirigeants à gérer la question de la motivation des joueurs. En attendant un dénouement, la ministre Lidi Bessi-Kama à l’origine du nouveau rififi, aurait menacé les joueurs d’un forfait du Togo.
A défaut d’un règlement de la crise relative aux primes à verser aux Eperviers locaux, le Togo va déclarer forfait pour la phase finale du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2021. C’est du moins ce qu’aurait fait entendre la ministre des Sports Mme Lidi Bessi-Kama aux joueurs le mardi 1er décembre quand son enthousiasme a été douché par le refus des joueurs de percevoir la somme de trois millions (3 000 000) chacun en guise de primes de qualification pour la compétition. Le grand Nigeria défait par le Togo pourrait entamer les préparatifs pour cette compétition dont il est un habitué et un favori. Les ponts semblent coupés avec les premiers acteurs. En cause, la gestion jugée à la militaire doublée de zèle de la nouvelle patronne des sports au Togo.
Jugeant insignifiante la somme de 3 millions par rapport aux 15 millions alloués aux Eperviers fanion, et dans le but d’éviter d’autres perturbations dans leurs préparatifs, les joueurs ont demandé un effort au gouvernement et avaient pris soin de suggérer que toutes les primes soient débattues et fixées au préalable. A défaut d’une charte régissant les droits et devoirs en sélections nationales, ce que proposent les joueurs n’est que pur bon sens. Pour la ministre et les dirigeants de la Fédération togolaise de football (FTF), le refus des joueurs (de prendre les 3 millions, Ndlr) est un affront pour le Chef de l’Etat. Or selon ces derniers, Faure Gnassingbé aurait ordonné qu’ils perçoivent 5 millions chacun comme prime de qualification. Ce qui semble plutôt raisonnable par rapport à la prime en sélection nationale fanion. Pourquoi donc refuser ce qui relève du bon sens au profit de menaces de forfait ?
Les acteurs les plus avisés de la gestion d’une équipe, fustigent les maladresses de la ministre dans la gestion de cette affaire. « Mme Lidi Bessi-Kama a voulu récupérer la situation en brûlant la politesse à la FTF pour aller s’exposer au refus des joueurs. Elle ne doit s’en prendre qu’à elle-même et à ses collaborateurs », glose un entraineur de club. « Quand on a eu des cas comme celui d’Obilale Dodo, qu’on voit nos anciens qui ont servi le pays dans la galère, nous sommes en devoir de faire en sorte qu’un minimum de convention soit mise en place de façon légale pour fixer les droits et devoirs des joueurs en sélection nationale. Ce n’est pas une question d’argent, mais un problème de fonctionnement et d’approche », explique un joueur international togolais qui se dit solidaire des jeunes locaux.
De sources concordantes, les joueurs avaient fait des propositions de primes à la FTF depuis janvier 2020. Il nous revient que contre la somme de dix millions (10 000 000) FCFA qu’ils ont suggérée pour les primes de qualification, le Chef de l’Etat aurait décidé, après concertations de la Fédération et des ministères des Finances et des Sports, qu’elle soit ramenée à cinq millions (5 000 000) FCFA. Pourquoi donc menacer aujourd’hui les joueurs d’accepter une prime de 3 millions sans aucune explication ? Pourquoi donc la ministre refuse-t-elle d’aborder avec les joueurs les discussions sur l’ensemble des primes alors qu’elle leur demande de ramener la coupe au Togo ? S’achemine-t-on vers un Wangen bis, du nom de cette ville en Allemagne où logeaient les Eperviers séniors au mondial 2006 qui avaient failli boycotter les matchs pour question de prime ?