« Si des mesures urgentes ne sont pas prises, cinq (05) détenus politiques croupissant actuellement dans les prisons togolaises risquent de connaître un sort tragique dans la prochaine période ». Ce cri d’alarme provient du Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques au Togo, qui rencontrait la presse cette matinée du jeudi 10 juin 2021 à Brother Homé. Pour alerter l’opinion publique nationale et internationale sur « la gravissime détérioration de l’état de santé de certains prisonniers politiques dans les pénitenciers du Togo » et « l’intensification de la vague répressive contre les libertés publiques et tout particulièrement la liberté d’expression au Togo ». Et c’était en présence des familles de ces prisonniers politiques qui ont témoigné des chagrins qui sont les leurs.
Les détenus en état clinique critique ou plutôt en instance de mort énumérés par le Comité sont au nombre de cinq (05) et ont pour noms : Arimiaou Ouro-Adjana, plombier électricien, père de cinq (05) enfants, arrêté le 26 janvier 2020, actuellement gravement malade et hospitalisé au cabanon du CHU-Sylvanus Olympio ; Akiliou Yacoubou, cultivateur, arrêté le 26 janvier 2020 à Davié ; Souleman Sakibou Akossi, menuisier et célibataire sans enfants, arrêté le 26 janvier 2020 à Davié alors qu’il voyageait dans un bus de 15 places, actuellement gravement malade et hospitalisé au cabanon du CHU-Sylvanus Olympio ; Mme Leyla Mehiouwa Nambea, épouse Tagba, mère de trois (03) filles, arrêtée le 18 décembre 2019 à Agoè-Zongo ; et enfin Kpatcha Gnassingbé qu’on ne présente plus.
« Si aucune mesure n’est prise pour les libérer, ils risquent de connaitre le triste sort que cinq (05) d’entre eux ont déjà connu, c’est-à-dire décédés des suites des conditions de leur détention et de tortures qu’ils ont subies», a déclaré Claude Ameganvi, le Rapporteur du Comité, avant de donner des détails et/ou informations touchantes sur certains cas. « Parmi ces détenus, il y a une dame, mère de trois (03) filles (Mme Leyla Mehiouwa Nambea, Ndlr). La dernière n’avait que sept (07) mois, elle l’allaitait quand elle a été arrêtée et détenue à la DCPJ, déférée avec un parcours extraordinaire et aujourd’hui elle est à la prison civile de Lomé (…) Elle souffre d’asthme, de cardiopathie, de problèmes rénaux et connaît une surcharge pondérale anormale depuis qu’elle est en détention (…) », a-t-il révélé de la dame. Et d’ajouter : « Il y a l’un des détenus actuellement au cabanon du CHU Sylvanus Olympio de Lomé (Souleman Sakibou Akossi, Ndlr) qui est en train de devenir fou parce que les conditions dans lesquelles ils sont et vivent depuis maintenant deux ans sont inacceptables, à savoir que ceux qui sont au cabanon par exemple sont constamment menottés à leur lit d’hôpital, on ne sait pas le traitement qu’on leur fait subir, ce qu’on leur donne comme médicaments et autres (…) Tous ces détenus connaissent un gonflement de leur corps anormal ».
«S’il arrivait quoi que ce soit encore à l’un de ces détenus, que ce soit un cas de décès ou si par exemple celui qui est entré dans un processus de démence aujourd’hui, entre dans un processus irréversible de folie, les autorités togolaises en seront tenues pour responsables et devront en répondre demain. Il faut le dire de la manière la plus forte, claire et nette possible. Parce que ces gens n’ont commis aucun crime, ils n’ont pas volé ; c’est simplement pour beaucoup d’entre eux, le fait qu’ils aient été présents sur des plateformes Whatsapp qui constitue le crime qu’ils ont commis (…) ».
Cette conférence de presse était également l’occasion pour le Comité pour la libération de tous les prisonniers politiques du Togo d’aborder les cas de l’ancien ministre Djimon Oré et de Paul Missiagbeto, conseiller spécial du Président du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD) Agbeyome Kodjo. Tout en exigeant la libération immédiate et sans condition des détenus politiques, notamment ceux malades, le Comité coordonné par le Prof David Dosseh appelle à la mobilisation urgente et générale de toutes les forces démocratiques et de l’opinion publique pour sauver les détenus, enrayer la vague répressive qui s’abat sur les droits et libertés inaliénables du peuple togolais et demander une justice indépendante et équitable pour tous.