« Lutte contre la corruption au Togo », c’est la thématique qui a été au centre d’une table ronde citoyenne ce jeudi 3 décembre 2020, dans les locaux de l’Organisation de la charité pour le développement intégral (OCDI) sis à Hedzranawoé à Lomé. Organisée par le Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT) et la Synergie des travailleurs du Togo (STT), en collaboration avec les Universités sociales du Togo (UST) et le regroupement de la diaspora togolaise en Allemagne Urgence Togo Germany (UTG), cette rencontre a été une occasion de plancher sur le phénomène et d’explorer des pistes de solutions.
« En chacun de nous il y a quelque chose de corrompu», « La corruption est d’abord individuelle », « Lorsque nous parlons de la corruption, nous n’indexons personne, c’est tout un système qui doit changer pour le bien de la population », « Parfois nous avons l’impression que la corruption, c’est toujours l’autorité, mais dans bien des cas, c’est nous », « Tout le monde est responsable de la corruption ».
Cet échantillon de propos, respectivement du Secrétaire Général du SYNPHOT Dr Gilbert Tsolenyanu, de son alter ego de la STT Mme Nadou Lawson, du Coordonnateur des UST Prof David Dosseh, du Vice-doyen de la Faculté des sciences économiques de l’Université de Lomé Prof Mawuli Couchoro, du Doyen de la Faculté de Droit de l’UL Prof Akrawati S. Adjita, entre autres interventions les unes aussi pertinentes que les autres, traduisent la diversité des approches du phénomène dans toute sa dimension.
Trois panels ont meublé cette table ronde : Cadre juridique de la lutte contre la corruption ; Impacts de la corruption sur l’économie et la vie sociale ; Les politiques efficaces de lutte contre la corruption. Des panels animés par des personnes ressources dont des juristes, des universitaires, des syndicalistes, des médecins, des hommes de médias, mais aussi des membres de structures étatiques de lutte contre le fléau dont la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) représentée par son rapporteur Mme Tchemi M’Mah qui a été bombardée de questions. Tout en n’occultant les faiblesses de leur institution, ses interventions ont néanmoins eu le mérite d’éclairer les participants sur leur mission, mais aussi et surtout les actions menées mais pas forcément médiatisées, de même que les défis.
Loin d’être un procès contre les pouvoirs étatiques, cette table ronde a été l’occasion d’explorer le fléau sous ses divers angles. Sans en occulter un aspect, tous les intervenants reconnaissent que la corruption au Togo est autant institutionnelle qu’individuelle et qu’il faille absolument l’endiguer, du moins la réduire au regard de ses dommages sur la société : frein à l’affectation des ressources, atteinte à la démocratie, création d’injustices, d’instabilité…Si l’on se rend à l’évidence qu’il faut une réelle volonté politique pour l’endiguer, il a été également concédé que cela doit aller de pair avec un changement individuel, une évolution des mentalités.
Volonté politique, lutte contre l’impunité, séparation des pouvoirs, éducation de la population, autodiscipline, inspiration des modèles, contrôle citoyen, réorganisation de la société, primauté des valeurs morales, création d’une plateforme de synergie, ce sont des pistes de solutions qui ont été explorées. « Nous devons appuyer la HAPLUCIA », a conseillé Dr Gilbert Tsolényanu. Une requête en bonne place dans les recommandations faites par la table ronde, parmi lesquelles il a été également formulé le souhait de la publication du rapport d’audit dans l’affaire « Pétrolegate », l’encouragement de la déclaration des biens, etc.
Cette table ronde, la première, ne devrait pas être la dernière, à en croire les organisateurs. D’autres actions sont prévues dans la perspective de la lutte contre la corruption.