Les contraintes induites par la lutte contre le coronavirus conduisent à des formes d’adaptation dans beaucoup de secteurs. Au niveau des hommes de Dieu aussi, on tente de s’adapter face à la fermeture des églises. C’est l’exemple de Kwasi Mawusi Agbozoh, pasteur stagiaire de l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo (EEPT) dans le district de Danyi-Attigba qui couvre cinq (05) paroisses. Il improvise, seul, dans son bureau, ou parfois dans le temple, des cultes avec ses différentes séquences qu’il enregistre et envoie aux fidèles via Whatsapp. Le pasteur nous en parle, dans cet entretien qu’il a bien voulu accorder au site letabloid.com.
Les églises sont fermées, plus de cultes et autres activités. Comment vivez-vous cette situation en tant que pasteur ?
En tant que pasteur, ça me rend triste qu’en ce 21e siècle, le monde entier n’arrive pas à reconnaitre en Jésus-Christ le sauveur du monde. Pourquoi dis-je cela ? Si vraiment le monde reconnaît que Jésus-Christ de Nazareth est le sauveur du monde, il n’allait pas demander de fermer les églises. Parce qu’en tant que sauveur, il est le seul qui peut apporter la solution, lui-même est la solution à tous nos problèmes (…) Il est le seul à pouvoir nous sauver de cette pandémie.
Le contact avec vos fidèles qui sont brebis, cela vous manque-t-il ?
Oui, cela nous manque. Ca fait mal de ne plus être au-devant de ces brebis et de leur prêcher la bonne nouvelle, les soutenir dans ces moments difficiles. Actuellement, ce n’est plus possible de faire des messes, des veillées funèbres, des cultes d’enterrement, de célébrer les mariages, comme cela se faisait. C’est vraiment triste de ne pas pouvoir être au contact des fidèles qui ont besoin de leurs pasteurs, de leurs guides, de ceux ou celles-là qui doivent les soutenir en des moments de joie et de douleurs.
Comment vous adaptez-vous à cette situation inédite engendrée par le coronavirus?
Chez moi ici, nous sommes à Danyi-Attigba, c’est un village qui est sur le plateau de Dayes, dans la région sud-ouest du Togo. Nous avons initié quelque chose pour les fidèles. Nous avons cherché des haut-parleurs que nous avons placés sur le toit du temple et chaque matin, je fais le culte là-dedans, seul, et les fidèles, dans leurs maisons en confinement, le suivent. Dans d’autres cas, nous enregistrons des messages que nous partageons via Whatsapp.
Vous vous illustrez aussi par des cultes et prêches enregistrés et envoyés aux fidèles via Whatsapp. Racontez-nous un peu comment vous procédez.
Comme je viens de le dire précédemment, je me lève très tôt, je fais le culte seul, des fois dans mon bureau, des fois je viens dans le temple, je chante tout seul les cantiques, je lis le texte et je fais le commentaire du texte que j’envoie. C’est comme ça que nous faisons.
Un culte de l’EEPT dans un décor de mise en scène, sans chorale, sans fanfare, sans fidèles pour chanter des cantiques, ça doit faire bizarre non ?
C’est vraiment bizarre, parce que nos cultes sont des moments d’adoration pour notre Seigneur Jésus-Christ. Quand il n’y a pas tout cet arsenal-là, les chorales, la fanfare, les fidèles, c’est vraiment bizarre. Mais situation oblige, nous le faisons ainsi.
Le scénario est presque parfait, mais il manque une scène importante, la quête des dimanches…
La scène la plus importante, je dirai plutôt que c’est la sainte cène que nous ne pouvons plus faire. Cette cène-là qui nous met en communion avec Jésus-Christ. Lui-même il a dit dans l’institution de cette cène, de faire tout ceci en sa mémoire. Mais nous n’arrivons plus à faire la sainte cène. Et les collectes de dimanche qui ne peuvent plus, bien sûr, se faire parce que c’est interdit par les autorités de se rassembler. Et cela constitue un frein à la survie même de la paroisse parce qu’elle vit au jour le jour sur les offrandes des fidèles. C’est maintenant que nous sommes en train d’élaborer des projets qui vont soutenir financièrement le district.
Est-ce une recommandation des dirigeants de l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo ?
Non, ce n’est pas une recommandation du Comité synodal de l’EEPT. C’est venu spontanément pour s’adapter à la situation. Je ne suis pas le seul à le faire, des collègues aussi le font, et c’est pour s’adapter à la situation.
D’où tenez-vous cette idée inhabituelle ?
En août 2018, j’étais en tournée en Allemagne du nord avec la chorale Dunyuixola dans les quatre églises de la mission de Brême. Dans la troisième semaine, nous étions dans la ville de Sande et en tant qu’aumônier de la chorale, je dois les entretenir quotidiennement avec la parole de Dieu. Et on était éparpillé dans des familles. Dans cette situation-là, j’étais obligé, chaque matin, de faire le culte et d’envoyer l’enregistrement dans le groupe de la chorale pour que tous les choristes qui sont avec moi là-bas, puissent écouter la parole de Dieu. Depuis ce jour-là, au retour au pays, je le fais de temps en temps, même si ce n’est pas régulier. Mais des fois quand je fais certains enseignements et je vois que c’est bien, je les enregistre et envoie via Whatsapp à certains fidèles et/ou connaissances.
Qu’est-ce qui motive l’initiative ?
L’idée, c’est de pouvoir nourrir le peuple de Dieu. Le Seigneur nous a dit de faire paitre ses brebis. Il faut entretenir les brebis de Dieu, leur donner le pain spirituel quotidien, les soutenir. Notre motivation vient de ce commandement-là de notre Seigneur Jésus-Christ qu’il a donné à Pierre de faire paitre son troupeau. En tant que pasteur, c’est impératif de nourrir le peuple de Dieu quotidiennement par sa parole.
Dans le livre d’Ephésien, à partir du chapitre 6, il nous est demandé de nous revêtir de toutes les armes spirituelles afin de nous tenir prêts au jour de l’ennemi. Nous sommes tenus de passer par tous les moyens pour nous revêtir des armes spirituelles. Si les fidèles ne vont plus au culte, ne se rassemblent plus pour écouter la parole de Dieu, si nous n’arrivons pas à partager cette parole-là par les réseaux sociaux et autres, nous ne sommes pas sûrs que cette recommandation soit respectée. Il est vrai que nous avons écouté depuis la nuit des temps la parole de Dieu. Mais en ces moments où il y a cette pandémie, il faut que nous réconfortions le peuple de Dieu par la parole de Dieu. Donc aidez-nous à propager cette parole-là et à tenir fermes devant les ruses du diable. Le diable est tellement rusé qu’il peut passer par cette pandémie et faire autre chose aux enfants de Dieu. Donc je souhaiterais que les temples, les lieux de culte soient ouverts et que le peuple de Dieu continue de prier.
Vous devez avoir un droit d’auteur ou un brevet sur cette invention non ?
(Rires). (…) Nous, nous avons reçu (des dons, Ndlr) gratuitement et nous donnons gratuitement. Il faut que le monde soit abreuvé à bonne source, et le Seigneur a dit : Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement (…) Quand on fait le message sur Whatsapp, on peut l’envoyer à tout le monde, et si quelqu’un le reçoit, lui aussi il peut l’envoyer à ses contacts.
On présume que c’est une solution conjoncturelle et qu’elle sera abandonnée avec la fin du coronavirus…
Comme je l’ai déjà dit, j’ai commencé depuis 2018, et il n’y avait pas de coronavirus. Il est vrai que ce n’était pas régulier, comme en ce moment de pandémie. Mais il y a beaucoup de fidèles qui y ont pris goût et les gens ont commencé à demander que ça continue même après le coronavirus. Donc nous allons essayer de poursuivre ça. Ca fait des dépenses, mais je crois que le peuple de Dieu a commencé à y prendre goût et donc nous allons continuer.
Un mot à l’endroit des fidèles en ces temps où beaucoup sont déboussolés…
Oui, beaucoup sont déboussolés. Mais je dis au peuple de Dieu de dire au monde entier de ne pas se donner à la peur. Oui, Dieu nous dit : N’ayez pas peur. Si vous lisez toute la Bible, vous allez voir que plus de 365 fois, notre Dieu dit : N’ayez pas peur, ne paniquez pas. Il y a eu des guerres, il y a eu des maladies qui ont fait plus de morts que le coronavirus. Il faut que le monde sache aussi que le Sauveur, c’est le Seigneur Jésus-Christ. Nous sommes en ces temps de Pâques et c’est pitoyable que nous n’ayons pas fêté Pâques, nous n’ayons pas fêté la mort et la résurrection de celui-là qui a vaincu la mort et qui tient dans ses mains les clefs de l’enfer. C’est vraiment pitoyable. Mais je dis au peuple de Dieu de ne se donner à la panique et de se tourner vers son seul Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ.
Il est dit dans Jean 3 verset 16 : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle. Donc nous n’allons pas périr. Croyons en Jésus-Christ et nous aurons la vie et la vie éternelle. Oui, c’est seul le Seigneur qui guérit. La guérison totale vient de Jésus-Christ. Les médecins, les soignants, eux, ils ne font que soigner, c’est pourquoi on les appelle soignants. Celui qui guérit effectivement, c’est notre Seigneur Jésus-Christ. Donc, que le monde sache qu’on doit se tourner vers le Seigneur Jésus-Christ. En tant que pasteur, je pense qu’au lieu de fermer les églises, on devrait plutôt demander aux croyants d’aller dans les églises et prier le Seigneur pour qu’il mette fin à cette maladie. Nous acceptons de mettre les mesures barrières pour contrecarrer le coronavirus, placer les lave-mains devant les temples, porter les masques, respecter la distance (…) Que les dirigeants du monde permettent à ce que les lieux de culte soient rouverts et que le peuple de Dieu prie et demande à ce qu’il intervienne. Dans l’histoire du monde, il l’a toujours fait et on a toujours eu gain de cause (…).
Que la paix du Seigneur soit sur vous et le monde entier !