La Ligue des consommateurs du Togo (LCT) n’est pas contente avec les sociétés distributrice de farine de blé, mais alors pas du tout. Et pour cause, elle croit dur comme fer qu’elles sont responsables des spéculations sur ce produit par le fait d’une réduction volontaire de production et d’approvisionnement des clients – cela a fait réagir les bonnes dames mercredi à travers un petit mouvement d’humeur – et de la raréfaction artificielle du pain sur le marché. L’organisation consumériste a exprimé ses ressentiments ce jeudi 19 mai, au cours d’une conférence de presse à son siège sis à Avedji.
« Certains opérateurs économiques allèguent le fait que la subvention de l’Etat faisait sur les farines de blé dont ils bénéficiaient de plus de 10 000 F par sac de 50 kg a été annulée par le gouvernement à l’avantage de l’exonération de la TVA qui représente 3000 F sur le sac de 50 kg. Ces sociétés disent que les 3000 F ne leur suffisent pas et qu’il faudrait que le gouvernement puisse faire des efforts », a expliqué Emmanuel Sogadji, le Président de la LCT. « Les gens disent qu’ils avaient les anciens stocks avant la décision de plafonnement des prix, mais il y a d’autres aussi qui veulent s’enrichir au détriment de la souffrance des consommateurs et des citoyens que nous sommes», a-t-il déploré.
Le sac de 50 kg, faut-il le rappeler, coûtait 19 500 FCFA, mais il se vend aujourd’hui à 30 000 FCFA voire plus. La LCT fustige une « volonté délibérée » des opérateurs économiques de « réduire [leur] capacité de production et d’approvisionnement des clients » et l’assimile à un « refus de vente » qui tombe sous le coup de la loi N°99-011 du 28 décembre 1999 portant organisation de la concurrence. « Cette décision unilatérale cause de sérieux préjudices aux commerçants des produits issus de la farine de blé d’où leur récente mobilisation pour exprimer leur mécontentement », a fait observer la Ligue, dans une déclaration présentée par sa Conseillère, Mme Julienne Ottou.
Emmanuel Sogadji et les siens appellent les sociétés distributrices à changer de comportement, mais aussi les autorités en charge du secteur à « procéder à l’évaluation du prix de revient de la farine de blé, à la lumière des récentes réductions des taxes sur ce produit ». Au cas échéant, elle menace sous cape « d’appeler au boycott des produits » de ces sociétés pour les amener, de même que le gouvernement, à « prendre leurs responsabilités chacun en ce qui le concerne face à la gravité du phénomène». « Nous les consommateurs, nous ne devons pas être un jeu aussi bien pour les opérateurs économiques que les autorités. Que chacun en ce qui le concerne prenne ses responsabilités », a insisté M. Sogadji.
Aux fins d’atténuation des impacts négatifs des récentes augmentations des prix des produits pétroliers et de lutte contre l’inflation, la LCT invite le gouvernement, tout en se félicitant de la réouverture bien que tardive des frontières terrestres, à « élargir l’assiette des produits de grande consommation (riz, pâtes alimentaires, huiles, sucre) bénéficiant de l’exonération de la TVA », réduire les frais de péages, étendre la décision de suspension de la taxe sur les véhicules à moteur (TVM) à toutes les catégories de voitures et en appelle à la « conscience humaine et à la solidarité des opérateurs économiques afin d’éviter les spéculations qui continuent de faire grimper les prix sur les marchés ».