« Quel système de santé pour une couverture maladie universelle ? ». C’est le thème assez expressif qui regroupe les professionnels de la santé, depuis ce matin à l’hôtel BKBG sis à Baguida et jusqu’à demain, en un forum citoyen et universitaire de la santé, FOCUS en acronyme. Initiative des Universités sociales du Togo (UST) et du Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT) effective avec le soutien du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre Solidaire), la rencontre vise à ausculter le système de santé togolais, diagnostiquer les maux dont il souffre et prescrire une ordonnance pour le soigner.
« La santé des femmes et des hommes qui peuplent une communauté est une richesse incommensurable, acquise au fil des générations par la construction progressive et résolue d’un système de soins de qualité. Il est indéniable que dans ce processus de construction, notre pays présente des insuffisances, même si des efforts et des avancées ont été notés », a planté en guise de décor Prof David Dosseh, Coordonnateur des UST, et de préciser les contours de ce forum, histoire d’anticiper et lever toute équivoque : « Il ne s’agit pas de pointer un doigt accusateur, mais de faire ensemble un diagnostic objectif afin d’envisager des traitements adéquats et adaptés aux besoins de nos populations ».
« Ce n’est un tribunal, mais une sorte d’agora d’échanges », renchérit Dr Gilbert Tsolenyanu, Secrétaire Général du SYNPHOT, coorganisateur de ce FOCUS qu’il ambitionne de voir se pérenniser et même s’internationaliser. « (…) Parcourir la qualité et la compétence des ressources humaines et des intervenants, interroger la rémunération des praticiens et acteurs du système, visiter la gouvernance du système de santé et la disponibilité des médicaments et dispositifs médicaux et finalement se demander quelle infrastructure hospitalière si nous voulons avoir vraiment un système de santé performant », voilà ainsi formulé par ses soins le voyage auquel les participants, personnel médical et paramédical, sont invités.
Cette approche – non accusatrice et surtout méliorative – est manifestement partagée par les autorités administratives et sanitaires du pays. « Reconnaitre que quelque chose a été fait (…), faire de l’existant des joyaux, des bijoux pour soulager, en attendant de combler l’inexistant », c’est à ces réflexes que Dr Amévi Baba, Directrice de Cabinet du ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux soins, avouant « très pertinents et intéressants » les thèmes et s’appropriant manifestement ce forum, a appelé les uns et les autres.
La rencontre se veut un «focus sur les réels problèmes et approches efficaces pour un système de santé performant » et inclusive, raison pour laquelle elle regroupe aussi bien les médecins, infirmiers, aides-soignants, pharmaciens, etc. bref les différents corps de métiers de la grande corporation des professionnels de la santé, mais aussi les enseignants-chercheurs et est également suivie en ligne par les citoyens dont les contributions sont les bienvenues.
Au menu des échanges et réflexions, des conférences, tables rondes et panels autour de thématiques bien choisies : « CMU, opportunité pour le secteur de la santé au Togo ; Protection sociale et accessibilité aux soins de santé », « Quelle politique en matière d’infrastructures et d’équipements pour un développement pour un développement du secteur de la santé au Togo ? », « Ressources humaines en santé : effectifs et qualifications pour des soins de santé de qualité », « Grille salariale et mode rémunération dans le secteur de la santé ; Synthèse des propositions des associations et ordres professionnels », « Gouvernance du système de santé ; Disponibilité des médicaments et des dispositifs médicaux », entre autres.
Pour mettre les participants à cette rencontre dans le bain, une conférence introductive a été animée par un expert sénégalais en matière de couverture maladie universelle, Mamadou Selly Ly, Directeur des affaires juridiques et des partenariats CMU-Sénégal. Après des précisions conceptuelles sur la problématique de la couverture maladie/sanitaire universelle (CMU/CSU), il a surtout partagé avec l’assistance les expériences africaines en matière de couverture maladie universelle que vise le Togo – un ministère y est même dédié -, notamment le cas rwandais manifestement mieux réussi et qui fait école dans beaucoup de pays africains.
« Travaillons ensemble à améliorer la qualité des soins à nos populations, travaillons à améliorer l’accueil, travaillons à rendre le système de santé attrayant et productif pour mieux participer à l’émergence et au développement de notre beau pays que nous chérissons tant », a souhaité Prof David Dosseh. Au terme des travaux, sont attendues des recommandations et autres propositions de solutions à adresser aux autorités compétentes.
