« Augmentation inopportune », « Le gouvernement cautionne la révision à la hausse », « La décision foule au pied tous les engagements pris par le Togo », « La suppression des subventions n’avantage personne », « Si on arrête la subvention, on applaudit la déforestation à outrance », « On ne peut pas libéraliser le secteur du gaz butane »…L’Association togolaise des consommateurs (ATC) et la Ligue des consommateurs du Togo (LCT) désapprouvent l’augmentation des prix du gaz butane intervenu depuis vendredi dans un cafouillage total et ont exprimé leur ressenti. C’était ce lundi 15 août dans la matinée, au cours d’une conférence de presse commune animée au siège de l’ATC sis à Agoènyivé.
« Nous avons lu à travers les réseaux sociaux que le ministre en charge du Commerce a autorisé la société SANOL SA à procéder à l’augmentation des prix du gaz pour le consommateur (…) D’habitude, c’est un arrêté interministériel qui fixe le prix du kilogramme de gaz. Malheureusement ça a été une décision prise sur la base d’un échange de correspondances entre le ministre en charge du Commerce et une société distributrice. D’abord nous dénonçons le fait que ça n’a pas respecté la procédure normale », a fustigé Dr Emmanuel Sogadji, le Président de la LCT.
Ces hausses sont intervenues dans un flou kafkaïen et sans aucune annonce ou communication officielle. Cafouillage parce que les prix diffèrent d’un distributeur à l’autre. Contre jusqu’à présent 3120 F et 6500 F respectivement pour les bouteilles de 6 kg et 12,5 kg, SANOL SA les vend depuis vendredi à 5370 F et 11 190 F, pendant que Zener qui commercialise les marques Sodigaz et Enora les livre à 5400 F et 11 300 F. L’on ne connait pas les vraies motivations, si ce ne sont juste les indiscrétions de sources informelles qui avancent le prétexte d’arrêt des subventions (sic) de l’Etat au secteur. «Nous ne connaissons pas les mobiles », a avoué Benetti Gagalo, le Vice-président de l’ATC. Au-delà de l’impact sur les ménages, les deux associations consuméristes redoutent les conséquences de cette décision sur l’environnement, mais aussi une pénurie à l’intérieur du pays.
« En cette période de vie chère, il est regrettable de constater que le gouvernement cautionne la révision à la hausse d’un produit de grande consommation comme le gaz. Cette révision à la hausse foule au pied tous les engagements pris par notre pays en matière de la protection de l’environnement devant les institutions internationales et aux différentes Conférences des Parties sur le Climat (COP) », fustigent l’ATC et la LCT, dans une déclaration conjointe, relevant aussi qu’«après une comparaison faite des prix du kg de gaz butane au niveau de la sous-région, le prix au Togo devient le plus élevé avec une tentative de libéralisation du secteur et de suppression de la subvention sur ledit produit ».
« Le gouvernement, par rapport à ses nombreux engagements, notamment ceux pris lors de la vingt-sixièmes conférence des parties sur le climat (COP-26), a un impératif de revoir à la baisse le prix du gaz butane á un taux raisonnable dans les meilleurs délais. La libéralisation du secteur du gaz, le maintien du prix actuel et la suppression de la subvention de l’Etat s’assimileraient à une volonté d’abandonner toutes les politiques de la protection de l’environnement et de lutte contre la déforestation », font-elles observer, et de conseiller au gouvernement d’entamer des discussions avec les partenaires sociaux afin de discuter des questions traitant de la révision à la hausse des revenus des Togolais face aux conséquences de la crise sanitaire et de la cherté de la vie qui poussent chaque jour bon nombre de nos concitoyens vers la précarité.
Les deux associations attirent l’attention sur les conséquences d’une éventuelle libéralisation du secteur : « En accordant une liberté totale aux producteurs et opérateurs économiques (…), le gouvernement expose ainsi les consommateurs à une inflation galopante et à un coût de vie très élevé entretenu par une frange des acteurs du secteur économique». Et de requérir « un regard attentif des plus grandes autorités du pays dans la prise de certaines décisions en lien avec la hausse des prix des biens de consommation afin d’éviter des conflits d’intérêts » et « prévenir toute crise sociale dans notre pays dont la vie chère serait à l’origine ».