C’est une décentralisation à la togolaise qui est mise en œuvre et ce sont (presque) tous les maires qui se plaignent du manque de moyens et des difficultés de toutes sortes. Mercredi 10 août dernier, James Amaglo, le maire de la commune du Golfe 2, cadre des Forces démocratiques pour la République (FDR), a été interrogé sur le sujet présent au cours de la conférence de presse du parti le 10 août dernier. Et il s’est confié.
Pas de transfert des moyens
« Qui dit transfert de compétences, dit transfert de moyens (…) En transférant les compétences, il faut les moyens (…) Les populations sont mobilisées pour donner une chance à cette décentralisation, il ne reste que les moyens », a déclaré James Amaglo. A en croire le maire du Golfe 2, les fonds à mettre à la disposition des collectivités locales devraient atteindre un plafond de 20 % du budget national. « A l’UEMOA à laquelle appartient notre pays, il y a un texte (qui dit d’accorder) 20 % du budget national aux collectivités locales. Nous avons un budget national de 1777 milliards de FCFA. Calculez 20 %, ça fait autour de 300 milliards qu’on doit remettre aux communes pour amener les communautés à se développer à la base », a-t-il informé.
« Le préscolaire, l’éducation, la santé, les CMS, la salubrité, toutes ces compétences-là étaient gérées avec des budgets, il faut les transférer ! Et maintenant les fonds propres de la commune vont s’y ajouter. C’est tout ça là qu’il faut mettre en mouvement et l’Etat sait qu’il y a 20 % du budget national à répartir aux collectivités locales », a relevé Dr James Amaglo. Mais à l’en croire, le Togo ne va même pas à 5 % du budget national. Il en est davantage attristé, d’autant plus que le Grand-Dakar seul a un budget de 400 milliards de FCFA alors que toutes les treize (13) communes du Grand-Lomé réunies n’ont même pas un budget de 15 milliards FCFA.
Le manque ou l’insuffisance de moyens, ce sont toutes les communes du Togo qui en souffrent. « Au niveau des communes, il y a des difficultés. Si on ne se mobilise pas pour inciter l’Etat à faire en sorte qu’il y ait des transferts de moyens, la décentralisation sera mort-née », a alerté le maire.
Entraves et faiblesse des ambitions au Golfe 2
Des obstacles dans l’exercice de leur mission, les mairies en connaissent, et c’est une lapalissade. Il leur est manifestement mis des bâtons dans les roues. Les entraves viennent évidemment des décideurs, mais pas que. « A certains niveaux, ce n’est pas l’autorité suprême qui refuse de céder, mais ce sont les intermédiaires. C’est la caractéristique d’une dictature. Il y a des intermédiaires aussi qui sont des points de blocage », a relevé le maire sans aller dans les détails, et d’appeler la presse à faire « le lobbying pour que l’autorité comprenne » afin qu’après transfert de compétences, « on transfère aussi les moyens pour qu’on ait des résultats pour nous tous ».
Le manque de moyens et les entraves affectent les ambitions de sa commune. « Au Golfe 2, on se débrouille, mais on n’a pas trop d’ambitions. Nous venons d’adopter notre plan communal de développement, mais quand vous regardez, il y a des ambitions qui ne s’affichent pas », a-t-il informé. Et de confier : « La dernière fois, pour aller entériner le PDC (Plan de développement communal), nous avons été interpellés par les CDQ, les cadres du milieu, la société civile (qui nous ont demandé) : ‘’pourquoi vous avez mis seulement tel montant pour construire votre mairie ? Ça ne représente rien. Le siège de la mairie, quand on vient, on doit vous sentir, c’est trop faible’’. On a donné des explications, mais nous-mêmes on sait que c’est trop faible. Tout simplement parce qu’il faut être réaliste car c’est en fonction de ce qu’on nous donne que nous tenons ». C’est la triste réalité de toutes les communes du Togo.