Elus depuis les locales du 30 juin 2019 et installés il y a à peine neuf mois, les maires peinent à démarrer véritablement leur mission à la tête des communes. Ballotés entre manque de moyens financiers, marquage à la culotte du ministre de l’Administration territoriale, absence de liberté de manœuvre, ils font quasiment de la figuration. Dans cet entretien accordé à letabloidtogo.info, le maire de Yoto 1, Kossi Amegnona revient sur ses difficultés dont la principale est le manque de fonds pour réaliser quoi que ce soit, l’hésitation des sociétés minières à accompagner le nouveau conseil municipal. Il est, malgré tout, porteur de grandes ambitions pour le développement sa commune dont il nous fait part.
Faites-nous un petit bilan de la dizaine de mois que vous venez de passer à la tête de la Commune de Yoto 1.
Nous venons de passer 9 mois à la tête de la commune Yoto 1. Pour parler de bilan, je dirais que tout ce temps passé ne constitue qu’une période d’observation et de prise en main. En dehors de la confection du budget communal , nous avons passé le reste de notre temps à sensibiliser les populations à connaître leur rôle de citoyen pour la construction de la commune, mais aussi à les sensibiliser pour l’observation des mesures barrières contre la Covid-19.
La crise sanitaire a monopolisé toute l’attention des maires, et c’est aux dépens de l’exécution des chantiers de développement des communes. Est-ce que les populations comprennent de devoir attendre encore ?
La crise sanitaire n’a pas été un obstacle majeur, mais plutôt le manque de volonté du pouvoir central. On dirait que les conseils communaux sont au volant des voitures dont on leur a caché les clés. En plus, nous devons prendre le temps pour amener les populations à tourner le dos aux vieilles habitudes de l’ignorance de leur rôle de contribuables.
Quelles sont vos ambitions pour la commune de Yoto 1?
Notre ambition pour la commune Yoto 1 est de pouvoir amener les populations au mieux-être. Les rues, les écoles, les dispensaires, l’eau et l’assainissement, sans oublier la promotion d’un modèle de production agricole qui pourra être le socle du développement endogène durable capable de générer des emplois autonomes. Prêter attention aux personnes vulnérables et promouvoir le développement culturel. Amener les femmes à un épanouissement réel. Tout ce programme est l’essentiel de nos soucis pour les cinq années qui nous restent.
Yoto est une zone minière, mais la préfecture est quasiment sinistrée en matière d’infrastructures socioéconomiques. Que faites-vous pour que cela change ?
Le statut de sinistrée de la commune Yoto 1 est connu de tous. Il me semble que par cynisme, les autorités sont heureuses quand elles maintiennent les régions minières et leurs populations dans de pareils états.
Aucun maire n’a aucun pouvoir pour faire changer les habitudes dans les zones à scandale géologique. L’article 70 de la loi sur la décentralisation leur interdit de s’y aventurer : « En aucun cas, ne peuvent faire l’objet d’un transfert aux collectivités territoriales, les compétences de l’Etat relevant des domaines suivants : la défense nationale et la sécurité…les mines, à l’exception des carrières de matériaux de construction ».
Certains de vos collègues se plaignent du manque de moyens pour engager des actions. Vivez-vous la même situation ? Quelles sont les difficultés rencontrées durant cette dizaine de mois de gestion ?
Le manque de moyen est général, mais on peut nuancer cela. En effet, les anciennes communes comme la nôtre disposent d’un peu de fonds laissés par les anciennes délégations spéciales. Mais il est fait obligation aux nouveaux dirigeants d’y toucher pour l’instant. Donc nous pouvons dire que nous ne disposons pas de fonds pour réaliser quoi que ce soit. Avec la saison des pluies, nous assistons impuissants aux difficultés de circuler dans notre commune.
Bientôt un an de passé sur les six que comptera votre mandat. Vous et les autres maires, vous êtes plutôt mal partis pour la réalisation de vos promesses faites aux populations. Est-ce qu’à l’heure du bilan, elles comprendront vos difficultés ?
Il faut distinguer deux choses. Les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous. Pour avoir des circonstances atténuantes, nous devons communiquer abondamment et sincèrement en exposant aux populations les freinages imposés.
La gestion communale, ce n’est pas que sur la base des fonds publics. Quelle est la contribution des nombreuses sociétés d’exploitation minière de la commune ?
Oui, les sociétés minières sont dans la zone ; mais pour le moment, nous ne sentons pas leur spontanéité à notre endroit. On dirait que pour le moment, elles sont très méfiantes. Néanmoins, nous attendons leurs contributions légales qui, en principe, ne devraient souffrir de rien.
Jusqu’où les populations de Yoto 1 peuvent-elles rêver avec vous à la tête de la commune ?
Les populations de Yoto 1 peuvent compter sur leurs conseillers. Et j’avoue qu’avec les difficultés qu’elles traversent en matière de manque d’infrastructures adéquates ( routes, éclairage domestique et public, eau, salles de classe, dispensaires …), elles nous font confiance et nous encouragent à continuer avec la voie de dialogue que nous avons instauré avec elles. Nous ne sommes pas pour nos populations des mercenaires, mais des frères qu’elles ont choisis en toute confiance et en toute connaissance de cause.