Elle est quintuple championne du monde et tout fraichement championne olympique. Agée de 28 ans et Franco-togolaise, ses performances aux jeux olympiques de Tokyo qui se déroulent actuellement réjouissent autant en France dont elle défend les couleurs qu’au Togo dont elle est originaire. Légitimement. Elle fait la fierté de bien de Togolais, ces occasions d’exaltation (du Togo) étant rares.
Mais Clarisse Agbegnenou aurait pu ne jamais être championne, ou simplement compter parmi les vivants. C’est une survivante, ayant échappé à la mort, à sa naissance… « Je suis née le 25 octobre 1992, bébé prématurée avec mon frère jumeau. Je suis née morte, c’est dur de le dire, mais je ne respirais pas. Ils avaient demandé à mes parents de me débrancher ; mais mes parents ont dit non, que j’étais la seule fille et que j’allais me battre. Et un beau jour, je me suis réveillée et tout le monde a été très heureux ce jour-là », raconte dans une vidéo la compatriote, dans un récit de sa vie. Emouvant !
D’une fratrie de quatre (04) enfants, tout porte à croire que Clarisse était destinée à être athlète, judokate, championne. « A l’école, c’était particulier pour moi, parce que j’avais la bougeotte, beaucoup d’énergie. La directrice avait dit à mes parents : « Bon, là, on n’arrive plus à gérer Clarisse ; ses notes, ça ne va pas, elle va finir par ne rien faire de sa vie, peut-être qu’elle ira en prison. Mais non, il faut qu’on la mette dans un sport de combat parce que nous, on n’en peut plus ». Et j’avais essayé un petit peu avec l’école, quand j’étais en primaire, et donc j’ai fait du judo », confie-t-elle. Les superstitieux parleraient de « chemin tracé », pour reprendre le titre du morceau de l’artiste malvoyant togolais Dieudonné Willa.
Cette attention des parents attirée par le directrice de l’école de la future championne et le choix fait par eux de mettre leur fille au judo, un sport de combat, illustrent l’importance de la détection précoce des talents chez les enfants et de l’orientation scolaire qui s’en suit. Clarisse Agbegnenou est simplement là où elle devrait être, le judo, et en partage les valeurs.
« Ce que j’ai aimé dans ce sport, c’était vraiment le fait d’avoir des règles, mais de pouvoir après faire ce que l’on voulait. Tu arrives avec tes chaussures, tes claquettes, tu ne marches pas pieds nus, tu prends ta bouteille d’eau (…), tu salues le tatami avant de rentrer, tu salues le maître, l’entraineur, tu écoutes les consignes, tu salues ton adversaire et après : combattre, bagarre », dit-elle, et d’exalter « ces valeurs », « ce respect mutuel des uns et des autres ». Des vertus qu’elle a acquises également dans la gendarmerie – elle est gendarme donc, athlète du bataillon de Joinville et dans l’armée des champions. Vendredi 23 juillet dernier, elle a été promue adjudante.
Les secrets pour être champion/ne du monde? « Je prendrai ma marmite, mon petit chaudron, je touillerais un bon coup et je dirai : courage, respect, travail. Il faut être égoïste un petit peu. Avec toute cette potion magique et de la volonté, beaucoup, on peut être championne du monde ».
Clarisse, au demeurant, porte bien et honore son patronyme, Agbegnenou, traduit littéralement en français « La vie est une chose », simplement « La vie est primordiale »…