Intervenant ce mercredi matin sur Radio France International (RFI), Jean-Pierre Fabre, candidat de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) à l’élection présidentielle du 22 février a été interrogé sur divers sujets de l’actualité politique, notamment l’élection présidentielle du 22 février prochain…Transparence du scrutin, refus d’accréditation au Conseil épiscopal Justice et Paix pour l’observation électorale, relations avec Agbeyome Kodjo, rapprochement avec trois autres candidats, suites du recours en invalidation de la candidature de Faure Gnassingbé, bilan des 15 ans de gestion de ce dernier…autant de questions qui ont été abordées. Ci-dessous la transcription de l’intervention.
RFI : Il y a six mois, vous réclamiez des discussions avec le pouvoir sur la transparence du scrutin à venir ; ces discussions n’ont pas pu avoir lieu. Est-ce que vous pensez que les élections du 22 février seront du coup libres et transparentes ?
Jean-Pierre Fabre : Pour le moment non. Les conditions de transparence et d’équité ne sont pas remplies. Nous y travaillons, nous rencontrons des partenaires du Togo pour les informer de la situation. Il y a la question du fichier électoral, la question de notre participation à la CENI, la question de l’illégalité de la cour constitutionnelle, etc. Nous travaillons sur toutes ces questions.
Et sur toutes ces questions, vous pensez que des choses peuvent encore être mises en place avant l’élection ?
Les choses doivent être mises en place avant l’élection. Ce que nous demandons, ce n’est pas la mer à boire. Par exemple nous demandons la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, l’authentification du bulletin de vote. C’est dans l’intérêt de tous les candidats, y compris le candidat du parti au pouvoir.
Le Conseil épiscopal Justice et Paix de l’église catholique s’est vu empêcher d’observer le scrutin. Est-ce que c’est une chose qui vous inquiète ?
Bien sûr, ca nous inquiète. Ce sont des observateurs neutres, sérieux et qui peuvent se déployer sur toute l’étendue du territoire national et surtout détenir les procès-verbaux des dépouillements. Quand nous avons souvent des falsifications entre les bureaux de vote et les CELI, c’est inquiétant que ces observateurs du Conseil épiscopal soient refusés.
Si rien n’est fait pour modifier l’organisation du scrutin à venir, vous avez le sentiment que l’on se dirige vers une élection qui ne sera ni libre ni transparente ?
Nous ferons tout pour que le minimum soit obtenu.
Vous avez eu l’occasion de vous concerter avec les trois autres candidats : Aime Gogué, Tchassona Traoré, Komi Wolou. Quelle sera votre stratégie commune pour obtenir cette transparence du scrutin ?
D’autres étaient également invités à la réunion, mais ils n’étaient pas là. Il s’agissait essentiellement de faire en sorte que la solidarité prévale dans les bureaux de vote entre les représentants des candidats de l’opposition.
Vous disiez que d’autres candidats ont été invités, mais ne sont pas venus à cette réunion de concertation…
Oui, ce n’est pas à moi de dire qui c’est. Mais c’est une réunion à laquelle les six candidats de l’opposition ont été invités.
Quelles sont justement vos relations avec un autre candidat, Agbeyome Kodjo ?
Comme je le dis toujours, ce sont des relations normales avec toute personne qui se dit de l’opposition. Donc si monsieur Agbeyome Kodjo est réellement de l’opposition, ce sont des relations normales avec lui.
Est-ce que vous avez des doutes sur le sujet ?
(Rire). Mais par exemple, l’opposition a décidé de ne pas aller aux élections législatives, mais lui, il y est allé ; ce sont des positionnements qui peuvent interroger.
Est-ce que vous avez le sentiment qu’il s’est suffisamment démarqué du camp présidentiel dont il est issu ?
Moi j’aurais préféré ne pas avoir à parler de ces choses. Je m’occupe du candidat Faure Gnassingbé qui, à mon sens, est candidat illégalement. Vous savez que j’ai introduit à la Cour constitutionnelle une requête en invalidation de sa candidature et que la Cour constitutionnelle a rejetée, mais de manière fantaisiste.
Est-ce que vous avez l’intention de poursuivre cette bataille juridique ?
Évidemment, et c’est ce que nous faisons. Nous introduisons auprès de la Cour de justice de la CEDEAO cette requête et nous verrons. Nous attaquerons devant toutes les juridictions.
Vous disiez tout à l’heure que vous souhaitiez concentrer vos efforts sur le candidat Faure Gnassingbé. Quel bilan faites-vous sur ses 15 ans au pouvoir ?
Bilan très négatif. En matière d’état de droit, le Togo a régressé, même par rapport à la situation qui prévalait avant la prise de fonction de monsieur Faure Gnassingbé. De toute façon, il est entré en fonction par un coup d’État. Maintenant en matière économique, c’est pire. Il y a une opacité totale, l’affairisme s’est installé au sommet de l’Etat. Quand tu es arrivé au pouvoir, tu as dit qu’une minorité accapare les biens du pays ; eh bien, je peux vous dire que la minorité a pris du poids.
Quelle doit être la priorité du prochain Président ? Quelle doit être la vôtre si vous êtes élu ?
C’est très simple pour moi. Vous avez l’axe instauration de l’état de droit. Il faut des institutions sérieuses devant lesquelles tous les Togolais sont égaux. Aujourd’hui le Togo est connu comme un Etat corrompu. Il faut travailler à ce que l’institution judiciaire fonctionne. Ensuite il y a la gestion rigoureuse des finances publiques. On ne privatise pas pour privatiser et devenir propriétaire des entreprises que l’on privatise ; c’est le cas au Togo. Tout ça, ce sont mes priorités, et le social qui en découle.