Voyager virtuellement sur les sites touristiques du Togo tout en étant sur place, c’est possible grâce à une technique spécialisée, un casque de réalité virtuelle. Un aperçu a été offert vendredi dernier au cours d’un vernissage et d’une exposition virtuelle organisés à l’Institut Goethe, dans le cadre de la célébration des 60 ans de coopération franco-allemande au Togo, notamment du déploiement d’un projet dénommé « Togo Immersive » et qui se veut une plongée dans le patrimoine culturel togolais.
« Il s’agit de permettre à la population de voyager sur ces sites avec du matériel qu’on appelle des casques de réalité virtuelle comme si elle y était (…) Lorsque vous portez le casque, c’est comme si vous voyagez virtuellement sur ces sites, vous y étiez ; vous regardez à gauche, à droite, en haut, en bas…En portant le casque, on voyage virtuellement vers ces sites en immersion 360 °», explique Nicolas-Etienne Sohou N’Gani, Président de l’association Arts-Culture Développement Sud (ACD-Sud) qui en a assuré la réalisation technique.
Ce projet se veut pilote et porte sur douze (12) sites touristiques dits prioritaires repartis sur toute l’étendue du territoire. Il s’agit de : Faille d’Aledjo, Patrimoine bâti de Sokode, Radio de Kamina, Cascade d’Akloa, Pic d’Agou, Muraille d’Agbogbo, Palais de Lomé, Marché aux fétiches, Maison des esclaves, Mangrove d’Aného, Grottes de Nôk et Tata Tamberma. Le vernissage de cette exposition virtuelle a été ouvert par les ambassadeurs d’Allemagne et de France au Togo, Mathias Veltin et Augustin Favereau.
A en croire les explications de Nicolas-Etienne Sohou N’Gani, la première phase de ce projet consacrée à la production a consisté à la numérisation des sites qui aura pris cinq (5) mois. « Nous rédigeons un scenario qui est adapté (…) Ici il faut réfléchir et se mettre à la place de la personne qui portera le casque pour ensuite définir son circuit sur le site touristique (…) Nous sommes revenus en postproduction pour faire le montage des images sur les contenus et ensuite nous les chargeons sur les casques de réalité virtuelle pour entamer la deuxième phase qui est l’exposition virtuelle », indique-t-il.
La mise en œuvre du projet a commencé, nous est-il revenu, depuis 2020. Après toutes les étapes, il a été organisé, en décembre dernier, une tournée itinérante au cours de laquelle les populations ont procédé au visionnage des images. On parle de 2860 personnes en tout et l’intérêt du public pourrait être boosté par l’exposition virtuelle ouverte au grand public du 21 au 27 janvier à l’institut Goethe. Un engouement qui encourage les responsables d’ACD Sud à poursuivre l’aventure. «A travers cette exposition, on a pu se rendre compte que la population aussi adhère puisqu’elle est curieuse. Et donc ça nous permet d’entamer la phase suivante », confie le Président d’ACD Sud.
Cette technique n’est pas sans intérêt. « Dans notre culture africaine, quand on entend tourisme, on a toujours l’impression que c’est à l’autre, sinon au Blanc de venir en tourisme chez nous alors que professionnellement, on peut faire ce qu’on appelle du tourisme local », relève Nicolas-Etienne Sohou N’Gani, indiquant que le « premier objectif, c’est de contribuer à la promotion du tourisme local », «permettre aux populations togolaises de comprendre qu’il y a un riche potentiel culturel et que ça doit d’abord profiter aux Togolais».
« Le deuxième objectif est beaucoup plus dans une dynamique de conservation du patrimoine culturel. Même dans 50 ans, quelqu’un qui portera le casque de réalité virtuelle, ce sera comme s’il était en 2020 ou en 2023. Et donc face aux changements climatiques et aux conflits armés qui visent tout ce patrimoine, dans 50 ans, la personne qui portera le casque pourra quand même savoir comment c’était en 2020, en 2022, en 2023 (…) Et s’il faut engager des travaux de restauration, ce sera plus facile parce qu’on aura tous ces détails de ces sites grâce à cette immersion à 360° », vante-t-il.
Organisation d’ingénierie culturelle, Arts-Culture et Développement Sud se veut un laboratoire accompagnant les acteurs culturels dans la recherche de solutions pour permettre au secteur de contribuer au développement socioéconomique et culturel du Togo. L’association, à en croire une confidence de son Président, a bénéficié d’un financement du PNUD pour pouvoir faire la même expérience au niveau du patrimoine naturel et procéder à la numérisation des aires protégées…