Comment vit-on ou passe-t-on ses nuits dans un village côtier, victime de l’érosion côtière et ses dégâts énormes ou à la merci de la mer ? Togbui Doévi Dolayi Doévi III, chef du village éponyme Doévikopé Baguida Plage, localité identifiée comme le souffre-douleur de l’érosion côtière au Togo, a accepté nous répondre.
« C’est très délicat », a commencé l’autorité coutumière rencontrée hier en marge d’une conférence par l’Ong Les Amis de la Terre sur la transition énergétique juste, et de remonter l’histoire, regard un peu dans le vide, preuve de souvenirs douloureux : « En 2014, vers 2 heures du matin, c’est comme ça la mer nous a envahis. Heureusement que nous n’avions pas déploré de morts, mais les dégâts matériels étaient importants, les cases étaient cassées ». « Ce sont des étages qui sont partis dans la mer », a-t-il ajouté au sujet des dégâts de l’érosion dans sa localité.
« Nous qui vivons sur la côte près de la mer, nous ne sommes jamais tranquilles ; nous dormons d’un œil, c’est-à-dire on a peur, on ne sait pas quand ça va encore commencer, nous vivons dans l’angoisse, avec beaucoup de soucis», confie Togbui Doévi Dolayi Doévi III, sur l’état psychologique des habitants de Doévikopé et bien sûr de toutes les autres localités riveraines de la mer et victimes de l’érosion côtière.
On aura donc compris, c’est l’angoisse permanente pour les habitants de la côte. Et d’autant plus que « la situation n’a pas changé » et qu’ils n’ont plus de marge de manœuvre. «Là où mes concitoyens résident actuellement, c’est la dernière réserve. C’est sur ça qu’ils sont regroupés. Nos terres, tous nos biens sont engloutis par la mer. Donc nous sommes dans l’angoisse, ma population n’est pas du tout tranquille », souligne le chef du village.