La confusion est très vite faite avec le Palais des congrès de Lomé, mais ce n’est pas la même chose. Niché en toute bordure de la mer à côte de l’ancienne Présidence de la République et bâti sur une superficie de onze (11) hectares, le Palais de Lomé, autrefois Palais des Gouverneurs, symbole de pouvoir et inaccessible au commun des Togolais, est aujourd’hui un centre d’art et de culture ouvert à tous. Coup de projecteur.
Palais des Gouverneurs, tel était le nom à l’origine. Et d’après les archives d’Histoire confortées par des récits de connaisseurs, l’immeuble était construit entre 1898 et 1905 par les colons allemands. « Ça a été d’abord une volonté de montrer le pouvoir puisque la ville de Lomé a été construite autour de la mer, une volonté que quand les bateaux arrivent, ils voient en premier ce bâtiment sur la côte. C’était vraiment un grand symbole de pouvoir », confie Mme Johanna Faye, responsable communication du Palais de Lomé. Selon les informations, l’édifice à l’époque était apercevable à 1000 km de la côte, et de son balcon, on pouvait aussi aisément repérer un navire à cette distance.
Les colons allemands y ont résidé jusqu’à leur défaite à la Première Guerre Mondiale (1914-1918). Les vainqueurs, entendu les Français et les Anglais cohabitèrent dans ce Palais jusqu’au partage du Togo et du Ghana et les deux drapeaux, nous est-il revenu, flottaient encore là-dessus le 30 septembre 1920. Seuls les gouverneurs français y sont restés lorsque le Togo entra sous tutelle de la France le 1er octobre 1920 jusqu’à l’indépendance. A son avènement au pouvoir, Sylvanus Olympio fit des lieux la première Présidence de la République.
Nicolas Grunitzky, Kleber Dadjo et même Eyadema y crécheront jusqu’à ce que ce dernier n’érige un nouveau Palais de la République juste à côté en 1970 et les rebaptise en 1976 Palais des Hôtes de marque. Il est resté ainsi jusqu’aux troubles sociopolitiques de 1990 où Joseph Kokou Koffigoh, alors devenu Premier ministre de la Transition, en fit la Primature, puis sa Résidence. Encore symbole de pouvoir et de gouvernance, le bâtiment sera attaqué à l’arme le 3 décembre 1991, pillé et laissé à l’abandon durant une bonne vingtaine d’années.
En 2014, Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, décida de rénover l’immeuble et le transformer en centre d’art et de culture. Les travaux finirent en 2019 et la bâtisse fut rebaptisée Palais de Lomé. A l’entrée, l’appréhension du visiteur inhabituel face au décor immédiat est vite démentie quelques instants plus tard par la magnificence des lieux, avec en évidence l’édifice niché dans un univers verdoyant au milieu d’une sorte de parc contenant des essences végétales qu’on retrouve dans les différentes régions du Togo, mais aussi des exotiques. « On y retrouve le Togo en miniature (…) C’est un condensé de l’histoire et de la géographie du Togo », résume Marcel Djondo, acteur culturel et cometteur en scène du spectacle « Isis Antigone ou la tragédie des corps dispersés » joué sur les lieux vendredi et samedi derniers.
Le Palais de Lomé, c’est surtout un centre d’art et de culture. « C’était une volonté que la population togolaise se réapproprie son patrimoine, que ce ne soit plus quelque chose seulement pour les puissants et les gouverneurs, mais un lieu ouvert à tous, pour rendre la culture vraiment accessible à tous (…) On y fait des représentations théâtrales africaines et reçoit des écoles privées et publiques », informe Gaëtan Noussouglo, (aussi) acteur culturel et cometteur en scène du spectacle sus-évoqué.
Dirigé par Mme Sonia Lawson, le Palais de Lomé, autrefois symbole du pouvoir colonial puis national et lieu austère, est aujourd’hui ouvert au public pour des visites culturelles. Bien plus, il est devenu un outil pédagogique pour les enseignants. Près de cinq mille (5000) élèves des établissements publics ont déjà été accueillis en visite. Les visites sont gratuites pour les établissements publics de Lomé, avec des bus même mis à disposition pour aller chercher les élèves. Pour le privé, le pass d’entrée est de 1000 F par tête…
Dans un prochain article, un aperçu visuel des objets et photos exposés au Palais de Lomé.