Participera ou participera pas aux élections législatives et régionales prévues au dernier trimestre 2023 ? Cette question, beaucoup de militants, sympathisants de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) et l’opinion en général se la posaient. Les responsables du regroupement étaient aussi constamment interpellés sur le sujet et ils ont brisé le silence sur la question ce vendredi, au cours d’une conférence de presse au siège de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) sis à Bè. Mais l’opinion devra encore prendre son mal en patience car ils sont restés énigmatiques sur le sujet.
« Face aux incessantes interpellations des membres de la conférence des présidents de la DMK sur l’éventualité de sa participation aux prochaines élections législatives et/ou régionales, nous avions toujours indiqué ce jour du 31 mars 2023 pour situer l’opinion nationale et internationale sur cette question cruciale dans la vie politique de notre pays », souligne la DMK dans une déclaration liminaire présentée par son Coordinateur Adjoint Gérard Adja. Mais au terme de la rencontre, l’opinion est plus confuse, les attentes n’ont point été comblées. Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson et les siens sont restés mystérieux sur leur participation (ou pas) à ces échéances.
Les élections régionales, la DMK n’en voit pas l’importance et conçoit d’ailleurs leur organisation comme superflue au vu des difficultés du premier niveau de décentralisation que sont les communes « qui ont de la peine à assumer leurs missions en raison des multiples entraves administratives, du déficit de moyens financiers et d’équipements ». La mise en place du Sénat qui en est l’étape suivante, la DMK y voit même « de la diversion, de la manipulation politique, du clientélisme et surtout du désir morbide d’offrir le statut de sénateur à vie, un brevet d’impunité à certains citoyens » et préfère que les ressources financières à y investir soient plutôt consacrées à la satisfaction des besoins prioritaires des populations victimes de l’extrême précarité.
Par contre les législatives, la coalition trouve légitime leur tenue pour répondre à l’agenda républicain et serait même prête à y participer, à lire entre les lignes et analyser à fond les déclarations des uns et des autres. Mais elle tient au règlement du contentieux électoral de 2020 d’abord. « Cet accord doit déboucher sur la refonte de la gouvernance électorale et la mise en place d’une charte démocratique qui garantit l’éthique, la transparence électorale et la sécurité des candidats avant, pendant et après les scrutins », indique le regroupement dans sa déclaration.
Au demeurant, sur sa participation aux deux élections prévues cette année, difficile de dire si la DMK va y participer ou non. On serait même tenté de privilégier l’affirmative, au vu de ces déclarations de Gérard Adja lors de l’interview : « Les Togolais veulent aller aux élections, la DMK aussi veut aller aux élections, mais pas à n’importe condition ». Les responsables de cette coalition ont fait usage de beaucoup de langue de bois malgré l’insistance des journalistes, maintenant ainsi le suspense. « Nous n’avons pas posée de condition, nous n’avons pas posé de préalable non plus. Mais nous disons qu’il y a des choses à faire, pour qu’on puisse sortir ensemble le pays de cette situation», a ajouté M. Adja, sans jamais dire si oui ou non, le regroupement participera à ces scrutins.
Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson et les siens identifient d’ailleurs des « préoccupations quotidiennes…graves » dont le pouvoir devrait s’occuper prioritairement du règlement comme la lutte contre la vie chère, le chômage des jeunes, l’impunité des crimes économiques à l’instar du « Pétrolegate » et du « Covidgate », les atteintes aux libertés publiques et d’expression avec « la poursuite judiciaire doublée de tentative d’anéantissement » des journalistes Ferdinand Ayité et Isidore Kouwonou, le cas des détenus politiques, l’impunité dans le dossier Toussaint Madjoulba, l’exil d’Agbeyome Kodjo, de Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, les attaques terroristes…
Pour la DMK, « il y a lieu de trouver des réponses idoines pour un apaisement social, la confiance dans le processus et des garanties de sécurité à tous les acteurs » avant d’envisager l’organisation de toute élection. Justement pour un apaisement social et des élections inclusives et transparentes, elle réclame des « mesures urgentes » à prendre : retour au pays de Mgr Kpodzro et son assistant, d’Agbeyome Kodjo et de tous les exilés politiques et garantie de sécurité pour tous, libération des prisonniers politiques, sécurisation de tout le territoire national et liberté de circulation à tous les candidats…
Revenant sur la tenue des élections, la DMK exige des réformes indispensables et de façon consensuelle pour rassurer chaque partie afin d’assurer la garantie de la transparence, lesquelles devraient concerner notamment la composition et le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et ses démembrements. « Il est inadmissible que la DMK, la 2e force politique reconnue d’après les résultats officiels et contestés de la dernière élection présidentielle de l’année 2020 n’y soit pas représentée proportionnellement à son rang », relève le regroupement, ajoutant que les reformes devraient aussi concerner le découpage électoral, le mode de scrutin, la proclamation des résultats bureau de vote par bureau de vote, la Cour constitutionnelle, entre autres.
« La satisfaction de ces revendications imprimera aux prochaines élections législatives les caractères inclusif et transparent », croit dur comme fer la DMK, qui dit s’engager à « se battre pour leur prise en compte effective » et en appelle à la mobilisation générale pour réussir cette bataille de la transparence et de l’inclusive. Ultime appel et non des moindres, le regroupement politique invite les formations politiques, les organisations de la société civile et la diaspora à « saisir cette opportunité des préparatifs de ces futures élections législatives pour s’accorder sur une plateforme de revendication assortie d’un programme d’actions concertées et planifiées afin de sauver notre République en péril » et annonce adresser un courrier dans ce sens à toutes ces entités.