« Contribution des responsables des organisations de l’économie informelle dans la lutte contre les petites corruptions et l’injustice sociale pour une meilleure gouvernance ». C’est le thème d’une séance de sensibilisation sur la petite corruption organisée samedi dernier au siège de la Fédération des travailleurs du bois et de la construction (FTBC) par le Fonds de solidarité pour la promotion des droits syndicaux, humains et le développement économique, social et culturel (FONDESC). Objectif, sensibiliser les responsables des organisations et acteurs du secteur sur ce fléau.
« La corruption est un fléau qui détruit toute une société et crée une certaine injustice dans la société. Lorsque dans un pays, on cultive la corruption, vous verrez que c’est une marge de la société qui a une certaine aisance, ce qui veut dire que la richesse n’est pas équitablement partagée entre les concitoyens et ça crée un sérieux problème de gouvernance. C’est pour cela qu’au Togo, il faut que nous puissions combattre la corruption à tous les niveaux », a déclaré le Président du FONDESC, Me Claude Amegan.
« La corruption n’est pas seulement au niveau de la gouvernance, c’est un fléau social et dans les économies informelles, il y a la petite corruption (…) Au sein de la basse classe, il y a la corruption et il faut inculquer la culture de la lutte contre le fléau à tous les niveaux, à tous les citoyens pour que, progressivement, on puisse en faire notre leitmotiv, en avoir la culture et que nous puissions dire non à toute forme de corruption », a-t-il ajouté, pour justifier la tenue de la présente rencontre de sensibilisation ayant réuni les femmes des marchés, vendeurs de matériaux de construction, artisans et autres acteurs de l’économie informelle.
Pour entretenir les participants sur cette problématique, un spécialiste, Thomas Dodji Nettey Koumou, Président de l’association Veille Economique et de la toute récente Coalition Lidaw. Dans sa présentation, il a brossé l’état des lieux de la corruption de la corruption au Togo, fait un certain nombre de comparaisons, relevé par exemple que les flux illicites sortis du Togo entre 2013 et 2014 étaient de 3258 milliards FCFA, trente-six (36) fois donc l’aide publique au développement accordée au secteur de l’éducation (sur 9 ans) qui était de 90 millions de dollars, soit environ 50 milliards de FCFA.
« Nous avons fait comprendre aux participants que le Togo était plus ou moins en péril à partir du moment où le rapport de la HAPLUCIA nous a fait comprendre que les femmes riches sont aussi corruptrices que les hommes. Au niveau de toutes les catégories, les femmes rivalisent avec les hommes en matière de corruption et cela met en péril le fonctionnement de notre pays et son devenir », a indiqué M. Koumou.
Dans son exposé, il a expliqué aux participants les enjeux, l’impact négatif de la corruption sur les Etats, notamment l’aggravation de la criminalité, de la pauvreté, la vampirisation de l’économie par le détournement des fonds rendant difficile le financement des politiques publiques…« Toutes les formes de petite corruption existent dans notre pays à des degrés divers », a relevé le communicateur, et de donner quelques chiffres. Dans 40 % des cas, a-t-il fait savoir, sur la base d’un rapport de la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA), l’argent public est donné lors des élections ; dans 45 % des cas, les Togolais sont obligés de graisser les pattes des agents pour obtenir un service public censé être gratuit ; les pots de vin sont estimés à 7 milliards FCFA par an…
Intégrer dans le système éducatif des revues permettant aux enfants de connaitre, dès le bas âge, quelques petites formes de corruption, installer à la tête des Etats en Afrique des hommes et des femmes d’exception, voilà des solutions (sic) proposées. « Il est clair que lorsque la corruption est endémique, il faut des hommes et des femmes à même de servir de référence aux citoyens et permettre à ce que l’impunité zéro puisse s’installer », a-t-il suggéré.
Au F0NDESC, on se place dans les mêmes veines et explore comme stratégies de lutte contre la corruption l’éducation et la sensibilisation. Les participants, on veut en faire, à en croire Me Claude Amegan, des « ambassadeurs qui peuvent parler dans leur entourage au niveau du marché, à leurs camarades pour que chacun prenne conscience et que nous puissions lutter contre ce fléau ».
La présente séance de sensibilisation s’inscrit dans le cadre de la campagne de sensibilisation et d’information sur la lutte contre le détournement de fonds publics, la corruption et l’injustice sociale au Togo, lancée depuis le 23 mars 2022 par le FONDESC.