Quel rapport existe-t-il entre l’extrémisme violent et la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC) ? C’est à cet exercice – établir le lien, Ndlr – que s’emploient, depuis ce mardi à l’Hôtel Sarakawa à Lomé, et ce pour trois jours, des experts de ces questions, dans le cadre d’un séminaire sur la prévention du fléau – l’extrémisme violent- et la gestion de ces armes dites conventionnelles. Initiative du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement (UNREC), en partenariat avec l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) et le Département fédéral des Affaires étrangères de la Confédération helvétique, la rencontre vise, in fine, à explorer les pistes de solutions pour endiguer ces maux qui menacent la paix et la sécurité dans les pays de l’espace.
« L’Afrique de l’ouest, singulièrement, a assisté, ces dernières années, à l’évolution des conflits locaux et transfrontaliers qui se sont multipliés au travers de la création de groupes armés, notamment des groupes extrémismes violents. Cette tendance est facilitée par la présence et la prolifération des armes conventionnelles illicites, notamment les armes légères et de petit calibre, de leurs munitions, mais aussi des explosifs utilisés pour l’orpaillage clandestin, pour perpétrer des attentats », a indiqué Anselme Nahmtante Yabouri, Directeur du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement (UNREC), plantant le décor.
« Ces facteurs exacerbent, chaque jour que Dieu fait, la violence armée, le terrorisme et l’extrémisme violent. La région est donc confrontée à un défi qui est double et interconnecté », a renchéri le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires, représentant le gouvernement, le Col Awate Hodabalo, rappelant que «les groupes armés non étatiques détiendraient plus de 40 millions d’armes légères, soit près de 80 % des armes en circulation sur le continent, alors que les forces de défense et de sécurité, quant à elles, détiennent moins de 11 millions d’armes légères ».
Une étude intitulée « Les milliards manquants de Afrique/Les flux d’armes illicites internationaux et le coût des conflits » menée par Oxfam International, International action network on small arms (Iansa) et Safeworld, faut-il le rappeler, évalue « les coûts des conflits armés pour le développement de l’Afrique à 18 milliards de dollars par an » et relève que de « tels conflits amputent l’économie africaine de 15 % de son PIB ». Un état des lieux et des chiffres qui expriment la gravité de la situation et mettent en exergue l’urgence d’ouvrir le chantier de l’intégration de la prévention de l’extrémisme violent dans la gestion des ALPC qui ont « de lourdes menaces sur la sécurité humaine, la paix, la démocratie et l’Etat de droit, le développement », à en croire M. Yabouri.
Stimuler une approche conjointe et durable de la prévention de l’extrémisme violent et de la gestion des armes conventionnelles et leurs munitions, tel est l’objectif de cette rencontre, une sorte de brainstorming regroupant une cinquantaine de participants parmi lesquels les acteurs nationaux des structures de gestion des armes légères et de petit calibre, les experts des questions de sécurité des pays membres de la sous-région, des acteurs de la société civile, entre autres. Les grands sujets permettront, espèrent les organisateurs, de comprendre le lien existant entre la prolifération des armes conventionnelles et l’extrémisme violent, mais également de faire des propositions pour une meilleure prise en compte de leur gestion dans la prévention du fléau – l’extrémisme violent- et vice-versa…
Durant ces deux jours de travaux, il sera justement abordé des questions de fond telles que le contexte et les défis liés à la prolifération des armes et à la violence armée en Afrique de l’ouest, les options et meilleures approches de prévention et d’actions aux niveau national, régional, continental et international, etc.