La campagne de commercialisation du soja a accusé un retard fou cette année, on en parlait vendredi ici ( https://letabloid.tg/soja-retard-inquietant-de-la-campagne-de-commercialisation-2022-2023/). Devant ce retard et surtout le silence des autorités sur la question, les acteurs de la filière venus de tout le pays ont observé, ce mercredi matin, un mouvement d’humeur au siège du Conseil interprofessionnel de la filière soja du Togo (CIFS Togo) sis à Agbalepedo, pour exprimer leurs ressentiments et inquiétudes.
« Les années passées, souvent les lancements se faisaient dans le mois d’octobre, ce qui nous ouvre la voie aux activités (de commercialisation) à partir de novembre jusqu’à X temps où les produits finissent sur le terrain. Mais cette année (2022, Ndlr), nous sommes vraiment surpris par le comportement des instances qui fonctionnent autour de notre interprofession, en l’occurrence notre bureau qui communique peu par rapport à ce retard (…) Ce matin, nous sommes là pour acquérir des informations autour de ce qui bloque ce lancement », a confié aux journalistes venus aux informations Edem Koffi Adjiwonou, Directeur de la société Capitale du Monde et porte-parole des acteurs du soja.
Président de l’interprofession (CIFS) et répondant premier des manifestants, Pussuwè Komlan Kadzakadè confirme : « En réalité, déjà en septembre, il y a un communiqué qui se prépare et en octobre le gouvernement le sort avant que l’Interprofession ne sorte (le sien) qui établit les conditions de participation à la campagne de commercialisation », mais « cette année, il y a eu un retard et c’est ce qui a fait que les acteurs se sont mobilisés ce matin pour venir voir ce qui se passe ».
Bien leur en a pris puisque dans la foulée, le gouvernement a rompu le silence et le tant attendu communiqué – daté du 8 novembre 2022, mardi donc – annonciateur du lancement de la campagne de commercialisation est sorti (lire ci-dessous). « Heureusement ce matin déjà, il y a un communiqué du gouvernement (annonçant le démarrage des) formalités pouvant aboutir au lancement finalement. On a promis que le samedi prochain, on aura le lancement. Donc nous sommes un peu satisfaits et on attend de voir », s’est réjoui Edem Koffi Adjiwonou. La pression des acteurs semble avoir donc payé. Le lancement est prévu, selon les informations, à Notsè.
Avec cette évolution, au sommet du CIFS, on veut aller vite pour rattraper le temps perdu. « On se précipite pour aller à la vitesse de croisière. J‘ai d’ores et déjà instruit mon Secrétariat exécutif de préparer les invitations de façon que nous puissions faire le lancement le samedi prochain, parce que les acteurs ont trop attendu », a souligné M. Kadzakadè qui darde l’indisponibilité des deux ministères de tutelle (Commerce et Agriculture) pour justifier ce retard, et d’informer que la veille du lancement officiel, vendredi prochain donc, les trois familles formant l’interprofession (producteurs, commerçants/exportateurs et transformateurs) devront se retrouver pour fixer un prix plancher en dessous duquel aucun acheteur ne doit descendre.
Le retard de la campagne ne risque-t-il pas d’être préjudiciable aux acteurs ? Tout porte à croire que les acteurs avaient anticipé et certains ont même déjà déposé leurs dossiers. « En amont, on s’est mis à se préparer de façon à ce que quand le communique sort, nous on enchaîne rapidement. On a eu déjà à publier les conditions de participation à la campagne et les acteurs s’activent pour déposer leurs dossiers (à) transmettre au ministère du Commerce pour obtention de l’agrément », souligne le Président de l’interprofession.
Une issue se dessine donc pour le retard accusé dans le lancement de la campagne de commercialisation. Mais les acteurs ne sont pas pour autant sortis de l’auberge ; il y a une grosse équation à régler, celle des intrusions dans le secteur. Il s’agit des individus ou entités qui vont acheter les productions auprès des paysans. La question a été abordée par le porte-parole des acteurs du soja et le Président du CIFS.
« Il y a la mise en place de certains magasins, en l’occurrence ceux de MIFA (Mécanisme incitatif de financement agricole) et d’OLAM implantée dans la PIA qui se livre à la fois aux activités d’exportation et de commercialisation sur le terrain. Ce qui nous pose beaucoup de problèmes puisque notre filière a été développée grâce à l’intervention de nous les acteurs qui étions là depuis dans le secteur. Si OLAM est arrivée pour la transformation des produits, elle doit essayer de s’associer avec nous qui sommes les anciens acteurs dans la filière pour lui faire trouver les matières premières nécessaires pour sa transformation. Maintenant si elle se livre à l’activité de collecte sur le terrain et en même temps est transformatrice, ça peut nous être préjudiciable », a dénoncé M. Adjiwonou, qui soupçonne « une main noire derrière tout ça ».
Le premier responsable de l’interprofession comprend bien les appréhensions par rapport à ce problème évoqué. « Les gens ont travaillé, investi, il faut qu’ils récupèrent sur leur investissement », a indiqué Pussuwè Komlan Kadzakadè. Il entend régler ce problème, comme le lui ont demandé les acteurs du soja par le biais de leur porte-parole. Mais en responsable, il voudrait d’abord s’assurer de la véracité des allégations. Et dans cette perspective, il dit avoir « instruit [son] Secrétariat exécutif pour qu’une mission soit faite sur le terrain de Cinkassé à Lomé pour identifier les magasins et leurs propriétaires »…
Aux dernières nouvelles, suite à des concertations des acteurs, le lancement de la campagne de commercialisation préalablement annoncé sur samedi prochain, est finalement remis au mardi 15 novembre. La rencontre de discussion sur le prix plancher est aussi repoussée au lundi 14 novembre.