Y aura-t-il campagne de commercialisation du soja cette année ? La question doit paraitre farfelue et faire couler de la bile dans certains milieux. Mais elle se pose avec légitimité, face au retard manifeste accusé dans le lancement et le démarrage de la campagne 2022-2023.
Organisée formellement depuis les années 2018 avec la mise sur pied en mars du Conseil interprofessionnel de la filière soja du Togo (CIFS Togo) consacrant l’organisation du secteur, la campagne de commercialisation 2022-2023 devrait, à la date de ce 4 novembre et dans l’ordre normal des choses, battre son plein. C’est généralement en septembre que le ton est donné par un communiqué conjoint signé des ministres du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale Kodjo Adedze et son collègue de l’Agriculture, de l’Elevage et du Développement rural Antoine Lekpa Gbegbeni, suivi dans la foulée de celui du CIFS et la campagne de commercialisation démarre officiellement quelques semaines après, souvent à la mi-octobre.
Pour la campagne 2021-2022 où il a été enregistré un total de 250 000 tonnes, c’est le 19 octobre qu’elle a démarré, après l’annonce par communiqué officiel des deux ministres le 20 septembre. Celle de 2020-2021 avait commencé aux mêmes périodes de l’année et celle de 2019-2020 avait officiellement débuté le 21 octobre. C’est dire que ce calendrier était presque institutionnalisé. Le démarrage à temps, entre autres facteurs, est à l’origine de l’accroissement constant des quantités au fil des années. Pour la campagne 2022-2023, faut-il le rappeler, c’est un objectif de 300 000 tonnes qui est fixé.
A la date d’aujourd’hui 4 novembre 2022, le communiqué officiel lançant le processus n’est pas encore rendu public ; et donc logiquement, celui du CIFS qui suit dans la foulée aussi. Et s’il faut respecter la fourchette de temps conventionnelle entre ce communiqué gouvernemental ouvrant la période des formalités pour l’obtention des agréments et le démarrage effectif de la campagne quatre semaines après, même s’il sortait ce jour, la campagne de commercialisation ne devrait débuter au meilleur des cas que fin novembre-début décembre. Soit un retard d’au moins un mois et demi. Cela risque d’affecter durement la qualité des récoltes et les quantités espérées.
Que se passe-t-il donc ? Qu’est-ce qui justifie ce retard dans le lancement de la campagne de commercialisation de cette année ? Y a-t-il des pesanteurs et/ou enjeux qui le bloquent ? Autant de questions qui se posent, à l’aune des rumeurs faisant état de descente d’autres acteurs indus sur le terrain pour supplanter les acteurs de la chaine de commercialisation et opérer des achats auprès des producteurs…La campagne de commercialisation du café-cacao, faut-il le rappeler, a été lancée depuis le 22 septembre dernier à Atakpamé par les ministres du Commerce et de l’Agriculture.
Au demeurant, autant le CIFS que le gouvernement sont interpellés car ce retard risque d’impacter sérieusement la bonne marche de la campagne, et donc la situation financière des producteurs et autres acteurs de la chaine soja où le Togo affirme de plus en plus son leadership dans la production du bio.