Le lancement officiel de la campagne de commercialisation 2022-2023 avait eu lieu, au forceps, le 15 novembre 2022. Cela faisait suite aux cris d’alarme poussés par les acteurs de la filière et au petit mouvement du 8 novembre devant le siège de l’interprofession, face au retard dans le démarrage de la campagne de cette année. Mais bientôt un mois après, la campagne proprement dite n’a pas encore démarré. La raison, le retard dans la délivrance des agréments d’achat et d’exportation, documents nécessaires à l’exercice de ces activités.
L’opinion et certainement les acteurs concernés en premiers s’attendaient à une accélération du processus une fois la machine mise en branle, au regard du retard énorme accusé. Mais la campagne de commercialisation 2022-2023 proprement dite n’a pas encore démarré, à cause de la non-délivrance aux requérants des agréments d’achat et d’exportation. Il nous revient en effet que la signature de ces documents indispensables pour le déploiement de ces activités traine encore au ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale.
Bientôt un mois donc depuis l’ouverture officielle de la campagne par le gouvernement – cela semble un acte pour se débarrasser des acteurs locaux qui mettaient la pression-, les acteurs attendent donc toujours les agréments pour commencer à opérer sur le terrain. Hier, c’est l’indisponibilité des ministres concernés (Agriculture et Commerce, Ndlr) qui était alléguée pour justifier le retard du lancement officiel de la campagne. Mais alors qu’est-ce qui bloque aujourd’hui la signature des agréments d’achat et d’exportation ? Quand est-ce que cela sera-t-il fait pour permettre aux opérateurs d’entamer véritablement l’achat des produits qui attendent sur le terrain ?
Face à ce nième écueil, les acteurs locaux de la filière sont de plus persuadés de manœuvres de mains noires pour les écarter de la filière, à l’aune des indiscrétions disant certaines entités qui avaient normalement d’autres rôles dans la chaine, descendre sur le terrain pour acheter directement les productions auprès des paysans, ouvrir des magasins à cette fin et mener plein d’autres activités étant normalement du ressort des autres maillons de la chaine, notamment les commerçants et exportateurs. Ils sont nombreux à être convaincus de la volonté de ces personnes tapies dans l’ombre, pour des intérêts partisans, de «plomber l’activité de commercialisation », les sacrifier, punir pour avoir fait du bruit, les écarter du circuit…Coïncidence, des opérateurs frondeurs et empêcheurs de favoriser l’entrée des intrus (sic), selon les informations, seraient l’objet de redressement fiscal…
«Comment peut-on décider de jouer, pour des raisons inconnues, avec la vie des opérateurs économiques qui font tourner l’économie du pays et dont les impôts paient les salaires des ministres alors même que presque tous subissent actuellement des vagues de redressements fiscaux qui déferlent sur eux sans pitié ? N’est-ce pas paradoxal ? », peste l’un d’eux. Et cette tragicomédie (sic) se joue pendant que sur le marché mondial, le mastodonte Chine fait changer les paradigmes avec des produits bon marché et les acteurs locaux togolais de la filière ont besoin de soutiens de la part de l’Etat pour maintenir le cap des performances qui tirent le Togo vers le haut et enjolivent son image à travers le monde.
Qu’à cela ne tienne, ce serait assez grave pour ces compatriotes qui participent, depuis quelques années, notamment la création de l’interprofession en 2018, à la belle histoire du soja et notamment le bio dans lequel le pays est leader dans l’exportation vers l’Europe. Préfinancement aux producteurs à la base, fourniture d’intrants, suivi technique – une des conditionalités de l’obtention de l’agrément- coûteux, procédure d’obtention de la certification onéreuse…ce sont des moyens colossaux – on parle de plusieurs milliards de FCFA – qu’ils ont investis dans cette activité, sur la base des prêts bancaires qu’ils sont en droit de vouloir rentabiliser en cette période des récoltes. Certains opérateurs auraient même entreposé un peu partout des graines achetées et n’attendraient que les agréments pour opérer. Beaucoup risquent de mettre la clef sous le paillasson….