Tsizan est entrée dans l’histoire. Les portes se referment sur la première édition de cette fête de l’eau à Davédi, localité sise à un kilomètre de Gbatopé dans la préfecture de Zio, avec la cérémonie apothéose hier samedi 26 août. Et c’était dans une ambiance de gaieté et en présence des filles et fils de la localité, de ses dignitaires coutumiers dont le chef Kokou Dessou III, dans leurs plus beaux atours, et d’invités venus d’horizons divers.
«Remettre Davédi à la place qu’il mérite, celle de pourvoyeur d’eau de la région », tel est l’objectif phare de la célébration de Tsizan placée sous le thème « La place de l’eau dans le développement de Davedi », à en croire Jean-Paul Kodzo Mlope, le président du comité d’organisation. « On a comme l’impression que Davedi n’a rien apporté à l’alimentation de la population en eau », a-t-il ajouté. Un sentiment partagé par toute la population. Comme caricature parfaite des problèmes d’accès à l’eau potable rencontrés, le village est comparé à « un cordonnier mal chaussé ».
Historique des problèmes liés à l’eau potable, mise en scène (de cet historique) par un groupe, intermède avec l’hymne Tsizan concocté par un artiste natif de la localité, remise de prix aux lauréates de l’élection de la Reine Tsizan, prestations de divers groupes folkloriques, ce sont là les moments forts de la cérémonie officielle d’apothéose, précédée dans la matinée par un sport de masse à travers les artères du village. La boucle sera définitivement bouclée ce dimanche 27 août avec la finale de la Coupe Tsizan.
A en croire l’historique fait par un doyen de la localité, avant les années 1950 sévissait beaucoup le problème d’eau et le seul recours était la rivière Lili, source de maladies hydriques dont le ver de Guinée et qui d’ailleurs s’asséchait, obligeant ainsi les habitants à aller en chercher dans la rivière Tokpa, environ 12 km de Davedi, avec tous les risques de tomber sur un crocodile. Avec la découverte d’une grande nappe d’eau dans le sous-sol de Davedi et les travaux de construction de la station de pompage et de traitement, l’accès à l’eau était facile et surtout gratuit durant la période 1950-1999. Mais les problèmes ont resurgi dans les années 2000, avec la décision du gouvernement de reformer le système d’adduction en eau potable et les habitants encore obligés de se rabattre sur l’eau de la rivière Lili…
Rappeler la place de Davedi dans l’histoire de production de l’eau potable au Togo, partager les joies et les peines des populations y relatives, rechercher les voies et moyens pour l’amélioration des conditions de vie, telles sont les idées majeures qui sous-tendent la célébration de Tsizan, qui se veut une journée de retrouvailles des filles et fils de Davedi pour parler d’une même voix, de réconciliation, de solidarité…
A l’occasion de la cérémonie apothéose, des recommandations ont été justement formulées par la population. A l’endroit de la Togolaise des eaux (TdE) dont une délégation était présente, il est requis la réduction du coût d’abonnement pour faciliter l’accès des ménages à l’eau potable, une baisse significative spéciale du coût du mètre cube d’eau aux bornes fontaines de la localité, l’installation sur le premier site de pompage d’un monument et d’un musée dédiés à l’histoire et à l’exploitation de l’eau à Davedi.
A la commune Zio 1, les habitants demandent l’entretien régulier du tronçon de route Gbatope-site d’exploitation de l’eau, l’inscription au budget communal d’une ligne accordant un appui financier à la TdE pour réduire le coût du mètre cube d’eau aux bornes fontaines de Davedi. Au Chef de l’Etat et son gouvernement, il est requis la construction d’un château d’eau pour résoudre définitivement le problème de pression et de faiblesse du débit de l’eau servie dans le village, le choix de Davedi comme lieu de célébration officielle de la journée mondiale de l’eau observée le 22 mars de chaque année.
Pose de la première pierre de la Place Tsizan, compétitions dont la Coupe et l’élection Miss Tsizan, colloque sur l’eau, ce sont autant d’activités qui ont marqué la célébration de cette première édition. Rendez-vous l’année prochaine pour la seconde édition de cette fête qui, promettent les organisateurs, résistera au temps.