Les membres de l’Union nationale des transporteurs routiers du Togo (UNATROT) signataires des accords de novembre 2022 ayant porté à sa tête, et par consensus, Sena Fombo, désapprouvent sa gestion des affaires. Ils ont tenu à le dire tout haut et fort, au cours d’une conférence de presse ce jour au siège de la Ligue des consommateurs du Togo (LCT) sis à Adidoadin à Lomé.
« L’UNATROT va mal et peine à sortir de la crise dans laquelle l’ont plongée les premiers responsables depuis l’ancien bureau jusqu’à l’actuel (…) L’arrivée de Monsieur Fombo Sena en vue d’aplanir les différends au sein de l’organisation n’a fait que prendre une tournure digne d’un réseau mafieux. C’est avec tristesse que nous portons à votre connaissance les pratiques dignes d’une organisation mafieuse qui se tisse au sommet de notre structure syndicale. Dans la nouvelle organisation du bureau de l’UNATROT par son nouveau Président, nous constatons des dérives inadmissibles ».
Les transporteurs plantent ainsi le décor de la situation, dans une déclaration présentée à l’occasion. Violation de l’accord de novembre dernier, absence de consultation de la base, défaut de rencontre avec les groupes signataires, pas de convocation d’assemblée générale ou de congrès extraordinaire pour la prise des grandes décisions, absence de contact physique avec les transporteurs, pas de délivrance de carte aux membres comme convenu…les griefs contre l’actuel Président sont nombreux. « La mauvaise gestion qui était là avec l’ancien Président (Marcelin Amah, Ndlr) continue et s’accentue d’ailleurs », indique Idrissou Souguite, accusant M. Fombo d’être de mèche avec son prédécesseur et de poursuivre ses pratiques.
Rappelant les cas du 1er Vice-président Jean Homeku et du Trésorier Aziz Dermane actuellement en détention pour une affaire de fabrication de faux tickets, les organisateurs de la conférence de presse informent que « dans la même logique de magouilles, le Président Fombo Séna a fait confectionner de nouveaux tickets pour un montant que lui seul connaît, dans une opacité totale. De plus, en violation des textes régissant notre syndicat, il a changé le logo de l’UNATROT figurant sur les tickets ». A en croire M. Souguite, pour changer de logo, les textes recommandent de convoquer une assemblée générale avec les transporteurs pour en décider. « Ce Président est arrivé par un consensus et cette décision doit se prendre en commun accord », souligne-t-il.
De fait, ce sont deux types de tickets qui se retrouveraient dans le circuit dont le sien comportant l’image d’une semi-remorque et celui confectionné par son devancier au poste et qui comporterait des images de trois camions (15 places, 10 tonnes et semi-remorque). Ces tickets, nous est-il revenu, coûtent entre 2000 F, 5000 F et 25 000 à 50 000 F. C’est donc une affaire de gros sous. Les transporteurs en appellent simplement à la justice pour se saisir de « cette affaire afin que la lumière se fasse sur cette gestion calamiteuse de l’actuel bureau de l’UNATROT ».
« Les transporteurs ne peuvent pas toujours continuer de payer des tickets pour que des individus se remplissent les poches dans une impunité totale. Depuis l’instauration de la vente de ces tickets dont les revenus sont censés venir en aide aux transporteurs en difficulté, aucun transporteur n’a jamais bénéficié d’une quelconque aide venant de l’UNATROT dans ce sens. Nous ne pouvons pas accepter l’existence d’une telle organisation mafieuse qui pille les transporteurs et l’Etat togolais », pestent les transporteurs qui disent subir « toutes formes d’intimidations de la part de ceux qui se considèrent comme [leurs] ennemis » alors qu’ils recherchent seulement « le bien des transporteurs sans distinction de religion, d’appartenance ethnique ou de région de provenance ».
Décidés à redorer le blason de l’UNATROT et la faire profiter à ses membres, les transporteurs ont porté une première plainte contre le Président Sena Fombo pour « violation des accords ayant conduit à sa nomination » et une seconde pour « modification unilatérale du logo de l’UNATROT », et d’appeler le ministre des Transports routiers, aériens et ferroviaires à intervenir et « poursuivre ses efforts pour une sortie de crise définitive ».