C’est un record dans le secteur de la zone franche togolaise, affirment certains observateurs. La société AMINA TOGO S.A.R.L, spécialisée dans la fabrication de cheveux artificiels (mèches), vient de mettre à la porte un nombre important de ses employés.
La direction de la Société AMINA-TOGO en est arrivée là à la suite d’un arrêt brusque de travail observé par les employés et dont l’employeur ignorait les revendications, assure- t-on.
Du service minimum, les travailleurs en sont arrivés à la cessation totale du travail, paralysant toutes les activités au sein de la société, d’où la décision de la Direction de frapper fort.
Représailles ou application pure et simple des nouvelles dispositions régissant le droit de grève au Togo ?
Pour le moment, la seule certitude au sujet de ce dossier lourd de conséquences est contenue dans ce bout de phrase notifié à des dizaines de centaines des désormais employés « indésirables » de la Société AMINA TOGO S.A.R.L : « Nous vous informons de notre décision de vous licencier pour les motifs suivants : refus d’exécution de vos obligations professionnelles et contractuelles depuis le 06 septembre 2021 jusqu’à ce jour, l’insubordination (la non observation de la note de service vous ordonnant de reprendre le travail le 09 septembre 2021 après 72 heures d’arrêt de travail ».
D’autres sources proches de la Société AMINA indiquent qu’il est, par ailleurs, reproché aux employés licenciés d’avoir exercé des mouvements de grève sans préavis sur leur lieux de travail et ceci, en « violation des articles 324 et 331 » du nouveau Code du Travail en vigueur au Togo. Des actes qui, selon les mêmes sources, requièrent le caractère de « faute lourde » au sens de la loi et qui ont amené la Direction de la Société AMINA à la décision de licenciement.
Une sanction inévitable
Il est à noter que cette vague de licenciement de plus d’un millier d’employés de la société AMINA TOGO intervient à un moment où le gouvernement togolais vient d’adopter un nouveau code du travail dont les innovations ont consacré une bonne marge au renforcement de la protection des travailleurs. Et si la direction de la Société AMINA est amenée à prendre cette décision dans ce contexte, c’est parce que, assure-t-on, elle n’avait d’autre choix que d’agir ainsi afin d’arrêter l’hémorragie.
Il se dit que la Direction de la Société avait tenté entre-temps de calmer les ardeurs en appelant les grévistes à reprendre le travail après 72 heures de mouvement de grève. En réponse, les travailleurs ont plutôt durci le ton en passant du service minimum à la cessation totale du travail et ce, depuis le 09 Septembre (date de leur quatrième jour de grève) jusqu’à ce jour. A cela, la hiérarchie de la société ajoute l’opposition des employés à toute tentative de la part de l’employeur de solliciter des journaliers pour exécuter certaines taches en attendant le retour à la normale.
Le licenciement était devenu inévitable aux yeux de la Direction de la société qui, dit-on, n’arrivait plus à comprendre l’attitude des employés qui a déjà engendré d’énormes pertes économiques.
Zèle des employés ou sabotage ?
Difficile, selon la Direction d’AMINA, de lire à travers cette action de ses employés, le zèle des délégués syndicalistes ou un plan de sabotage.
S’il s’agissait d’un plan de sabotage, on pourrait dire que les instigateurs ont atteint leur objectif car il se murmure déjà dans les couloirs d’AMINA TOGO que la société sera dans l’obligation, après cette décision de licenciement, de fermer momentanément ses portes en attendant de trouver des remplaçants au grand nombre d’employés qui viennent d’être licenciés.
Mais s’il était tout simplement l’expression d’un zèle des délégués syndicalistes, il faut dire que c’est déplorable dans la mesure où il est inconcevable qu’un travailleur contribue lui-même à la perte de son gagne-pain.
C’est ici qu’il urge d’interpeler le gouvernement, mais aussi les syndicalistes à intensifier les actions en matière d’éducation et de sensibilisation des travailleurs. Et cela passera par une politique de vulgarisation du contenu du nouveau code du travail en vigueur au Togo.